chinagoogleearth.1263797783.jpg La décision d’arrêter de censurer son moteur de recherche chinois (Google.cn), annoncée le 12 janvier par la société de Mountain View ne saurait s’expliquer par la seule volonté de protéger la liberté d’expression dans ce grand pays.

Ils sont payés pour faire prospérer l’entreprise et la baisse (3%) enregistrée à Wall Street le lendemain du jour où la décision a été rendue publique montre aux dirigeants qu’ils doivent faire attention s’ils ne veulent pas déclencher la colère de leurs actionnaire, voir des procès.

A court terme, la fermeture éventuelle de Google.cn ne représenterait qu’un coût limité (300 millions d’USD pour des revenus globaux de 22 milliards de dollars, selon le NYT ). Les principaux revenus provenant de Chine sont ceux des annonces publicitaires par des entreprises chinoises sur le moteur de recherche global.

Les négociations semblent engagées avec le gouvernement chinois dont personne n’attend qu’il ne cède. Mais Google s’expose à devoir renoncer au marché potentiellement le plus important du monde (300 M d’internautes, auxquels il faut ajouter les porteurs de mobile).

Pas le genre de décision qu’on prend à la légère.

Sauf si on prend en compte l’évolution de la situation de Google au cours des derniers mois.

Attaquée par les médias les plus importants (entraînés par Rupert Murdoch et l’Associated Press), critiquée pour certains aspects de la façon dont elle numérise les livres, Google inquiète en raison de son expansion dans trop de domaines (comme la téléphonie mobile et la fourniture d’électricité).

Dans un tel contexte, le petit billet de blog annonçant l’affrontement avec les autorités chinoises a été bien reçu. Il redore le blason de la compagnie auprès des utilisateurs inquiets pour leurs données personnelles.

Aux États-Unis, la décision prend par les sentiments les congressistes américains toujours contents de pouvoir monter à la tribune pour réaffirmer leur disposition à défendre le pays contre les menaces venues d’ailleurs. Surtout si elles sont mystérieuses comme tout ce qui est « cyber ». Même l’Union Européenne pourrait être sensible au geste.

Bonne opération de relations publiques donc, la « nouvelle approche de la Chine  » semble être aussi un pari stratégique sur un avenir proche dans lequel les rivaux de Google – aux US et dans le monde entier – risquent de plus en plus de venir de Chine.

Selon Techcrunch :

« should a Chinese Internet company make a bid for a US Internet gem, this week’s events will no doubt be brought up as a reason the US government should block it—something we’ve already seen when Arab companies have bid for ownership of US port controllers and financial institutions. »

Google vient ainsi de redonner du pep à sa marque et de nous rappeler que « Do no evil » « Don’ be evil » est aussi une source de revenus. Elle montre en passant qu’elle sait faire de la politique en actes publics pour défendre ses intérêts.

Entreprise commerciale elle se positionne pour prendre la tête d’un mouvement de fermeté fasse face à la Chine et se pose ainsi comme puissance mondiale inaugurant sans doute, une nouvelle ère.

C’est peut-être là l’essentiel. J’y reviens tout de suite.

[Image Flickr d’une partie de l’Asie prise sur Google Earth par Kengo ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...