fire-danger-flkr-nagraj_salian.1207382991.jpg Free, l’article de Chris Anderson sur le gratuit dont j’ai parlé hier suscite de nombreuses réactions critiques qui s’en prennent essentiellement à ses limites économiques et à ses risques sociaux. Deux billets écrits par des blogueurs respectés permettent de s’en faire une idée.

Limites économiques

Le 24 mars, Andy Oram a écrit sur Radar le blog collectif Radar de l’entreprise O’Reilly, que « les vrais coûts de l’information n’ont jamais tenu à la production et à la distribution des médias. Ils proviennent d’abord de l’intelligence humaine requise pour la produire ». Ça n’est que partiellement vrai, mais cela nous rappelle que tout n’est pas affaire de distribution.

Oram, qui circonscrit sa réponse aux technologies de l’information, ajoute que « les revenus dus à la publicité diminueront », non seulement en raison de la crise du moment comment le pensent de nombreux analystes mais parce que « à moins que les consommateurs achètent beaucoup plus de produits, la quantité d’argent dépensée en publicité dans l’ensemble de l’économie diminuera à mesure qu’elle migrera online ».

Il ne faudrait pas croire enfin, estime-t-il, que les consommateurs vont accepter éternellement de fournir du contenu gratuit pour que les entreprises web 2.0 fassent des fortunes alors que le bénéfice qu’eux-mêmes tirent des services offerts reste limité.

La tendance vers le gratuit est puissante, mais estime Oram, « l’état actuel de l’information est hautement volatile » et le phénomène pourrait évoluer dans des directions qu’Anderson ne semble pas envisager pour le moment.

Dangers sociaux

Sur le site ReadWriteWeb, Alex Iskold s’en prend plutôt aux dangers du gratuit . Il peut constituer une arme « sale » pour détruire la compétition. C’est ce qu’a fait IBM, par exemple, en fournissant gratuitement une technologie de moindre qualité mais « good enough » pour saboter Java (et en masquant la manip sous le sceau open source). C’est cela même qui permet de construire de nouveaux empires comme est en train de le faire Google. Si elle décidait de se lancer dans l’e-commerce « elle pourrait se permettre de mettre Amazon en faillite en offrant des livres gratuits ».

Le plus dangereux, aux yeux d’Iskold, est l’émergence de « la génération gratis » qui se réjouirait d’une telle proposition. Qu’adviendrait-il du travail sur lequel reposent nos sociétés si nous nous attendons « à recevoir quelque chose en échange de rien ».

« L’envers de la freeconomie, » conclue-t-il dans un autre billet , « est un marché monopolistique avec des barrières à l’entrée et peu de stimulants pour innover ».

Le débat lancé par Anderson s’annonce essentiel… et devrait lui rapporter beaucoup d’argent et contribuer à sa réputation. Du côté de San Francisco et de Silicon Valley, on a tendance à dire que c’est bien joué.

Alors, lequel des deux camps vous a le plus convaincu?

[Photo Flickr en Creative Commons de Nagraj Salian ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...