L’escarmouche entre Plaxo et Facebook dont je disais avant-hier qu’elle annonçait une guerre, vient de donner lieu à une trêve des braves inattendue et pleine de promesses.

Plaxo, rappelons-le, a mis au point un robot « gratteur » (scraping bot) capable d’extraire les coordonnées des « amis » d’un usager. Le scraping est une pratique commune à tous les réseaux sociaux mais Facebook avait violemment réagi à son automatisation en interdisant provisoirement le compte de Robert Scoble, le blogueur qui en avait fait l’essai.

L’initiative a divisé la blogalaxie. Nicholas Carr et Michael Arrington se sont prononcés contre. Kara Swisher, du Wall Street Journal, estime par contre que Scoble a parfaitement visé « le talon d’Achille de Facebook, la délicate question de la portabilité [des données d’un site à l’autre] et celle du contrôle que chacun devrait avoir sur les informations le concernant ».

Pour Mathew Ingram du Globe and Mail de Toronto, « la question de fond est que Facebook devrait permettre aux gens de transférer leurs données plus facilement sans avoir à utiliser des robots ».

Ils faisaient ainsi partie de ceux qui invitaient Facebook à rejoindre l’organisation Dataportability.org dont la philosophie est qu’on devrait pouvoir permettre « aux outils et aux entreprises de notre choix de découvrir et de partager notre identité, nos photos, nos vidéos ainsi que d’autres informations personnelles. »

Swisher, Ingram et les autres ont été entendus puisque des représentants de haut niveau de Facebook, Google et Plaxo ont annoncé le mardi 8 janvier qu’ils rejoignaient DataPortability.org , ouvrant ainsi la porte à ce que Silicon Valley aime appeler « coopétition » entre les principaux sites sociaux.

La guerre est évitée, mais la question du pouvoir est clairement posée. N’oublions pas la formule de Tim O’Reilly dans son essai fondateur quand il disait « Data is the new Intel inside ». Ce sont les données qui font tourner la machine. La question est de savoir selon quelle logique.

Juste avant l’escarmouche, Scot Karp affirmait que: « Les données c’est du pouvoir. » Il expliquait le prix de Facebook par « sa capacité potentielle à utiliser les données de ses utilisateurs ».

Umair de BubbleGeneration estime pour sa part que: « Ce qui a de la valeur c’est ce qui crée des données: les marchés, les réseaux et les communautés ».

Voilà qui oblige à réfléchir sur l’usage que nous en faisons…

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...