Monsieur le Président, vous avez loupé trop de coches pour qu’elles vous soient utiles. Je me limiterai à faire le point sur ce que vous n’avez pas compris.
J’ai tellement besoin de vacances que je prends le risque de partir sans avoir la certitude de revenir. D’où cette note brutale sur les perspectives 2014.
Arrêtez de vous intéresser aux tendances comme si vous étiez prêt à les adopter. Vous avez loupé trop de coches pour qu’elles vous soient utiles. Je me limiterai à faire le point sur ce que vous n’avez pas compris. Commençons par le digital.
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Vous en êtes encore à vous demander comment l’introduire, dans quels secteurs. Il fallait le décider au tournant du siècle. Le numérique, dont vous envisagez enfin de faire une priorité, était le choix stratégique d’hier.
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Vous voulez l’ajouter comme une couche – réseaux sociaux, apps – sans comprendre qu’il s’agit d’une révolution profonde.
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Le capital-risqueur Fred Wilson l’a bien dit à la conférence LeWeb 2013 : nous sommes en train de « passer des hiérarchies bureaucratiques aux réseaux animés par les technologies ».
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C’est une question élémentaire d’architecture. Dans un réseau, les informations circulent horizontalement. Il marche d’autant mieux qu’il est ouvert et divers. Ça bouleverse la façon de produire et de distribuer, la capacité de comprendre, d’intervenir de façon agile et adaptée. Pas chez nous.
La BBC vient de nous dire que 2013 est l’année où nous avons adopté le mobile.
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Vous faites joujou avec votre iPhone, Monsieur le directeur, mais vous continuez à opérer comme au début du siècle… dernier.
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Montre, lunettes ou téléphones n’ont aucune importance. Le type de gadget ne compte pas.
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Vous rêvez de joindre nos clients en permanence comme dans la pub d’hier sans voir que tout le commerce de détail est bouleversé.
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Vous utilisez Facebook et Twitter comme des moyens de diffusion sans voir la montée des applications de messageries : KakaoTalk, Line, WeChat, WhatsApp, Kik. Leur succès tient à ce qu’elles sont des plateformes – concept clé – auxquelles fournisseurs et clients se connectent quand et comme ils veulent.
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Plus au fond, vous n’avez pas compris que le mobile permet l’autonomie connectée. Vous n’avez plus seulement affaire à des individus et à des groupes structurés mais à des ensembles éphémères aux objectifs limités et changeants.
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Et cela ne concerne pas que les gens. 2014 sera, pour la plupart des pronostiqueurs, l’année de l’Internet des objets. Une notion déjà vieille. Nous en sommes au tout en réseaux, « the Internet of everything ». Une logique qui vous échappe, parce que vous ne la pratiquez pas.
Plus que les tendances de demain vous avez un urgent besoin de comprendre la révolution d’hier, celle du digital et des TIC. Elle compte moins par ses produits que son impact en temps que multiplicatrice de forces, créatrice de valeurs, perturbatrice de façons de penser, de s’organiser et d’agir.
Voilà, Monsieur le Président, ce que j’avais à vous dire. Si vous voulez que j’en sois averti, faites-moi part de mon licenciement par texto. Je comprendrai que je me suis trompé si vous engagez la conversation sur Twitter ou, mieux, sur Line… Mais faites vite…
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Crédit photo : CC/Alex