Dans un récent billet sur « réseaux et hiérarchie » en Chine, j’ai attiré l’attention sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) au cours des manifestations anti-japonaises de ces dernières semaines.
Un commentaire anonyme nous invite à réfléchir sur le fait que : « si les chinois manifestent, c’est aussi parce que pour une fois, ils ont le droit de le faire ».
C’est indiscutable mais nous venons sans doute d’assister à l’émergence d’une tendance qui ne peut que s’accentuer avec le temps.
C’est ce qu’explique Xiao Qiang dans un article publié le 27 avril dans le Wall Street Journal Asie. Xiao Qiang dirige China Digital Times un remarquable effort de suivi de l’actualité chinoise à partir de ce qui se dit dans les blogs et les médias traditionnels.
L’auteur reconnaît volontiers que les autorités ont sans doute fourni un certain espace politique aux manifestants. Elles ont quand même de quoi commencer à s’inquiéter car la manif a été largement organisée à la base grâce aux technologies digitales de communications.
From an organizational point of view, the Shanghai demonstration was a decentralized, bottom-up event, organized by taking advantage of the opportunities presented by digital communication technologies.
Les mêmes technologies ont également permis de rompre avec la chape de silence que le gouvernement fait traditionnellement peser sur ce genre se manifestation. Informations, mots d’ordre et photos ont abondamment circulés et une grande partie de la population, notamment dans les villes, est au courant.
Nous sommes encore loin de « l’émergence d’un mouvement social qui représente un défi véritable pour le gouvernement ».
« Il n’en reste pas moins que l’utilisation de la technologie dans ces manifestations risque fort d’avoir un impact plus grand sur la société chinoise » poursuit Xiao Qiang.
La première forme, directe si l’on veut tient au fait que les manifestations augmentent. Selon un rapport du Ministère de la sécurité publique elles sont passées de 8.700 en 1993 à 58.000 en 2003. Qu’elles s’organisent mieux ne peut être qu’une source d’inquiétude pour les autorités.
La seconde, plus diffuse, mais pas moins importante est que « En fournissant un espace pour un débat pluraliste sur un sujet aussi chaud, l’internet permet que des voix rationnelles se fassent entendre et puissent, en dernière instance contribuer au développement de la société civile ».