J’ai mentionné hier la société JBoss créée par Marc Fleury et spécialisée dans les serveurs d’application en Java. En l’occurrence, mon intérêt tient moins à la technologie qu’au modèle économique sur lequel repose JBoss et en particulier la Licence Générale Publique Limitée qui n’oblige pas à partager avec la communauté tout le travail fait par une entreprise sur une base open source (voir ce billet).

Avec MySQL, une société suédoise de bases de données, Marc Fleury, dont le père est français et la mère espagnole, estime représenter ce qu’il appelle « la deuxième génération » des sociétés open source.

La première génération

« La première génération était constituée par des entreprises comme RedHat ou SuSE. Elles enregistraient un ensemble d’application sur un CD qu’elles vendaient avec le programme d’entretien. Pour la deuxième génération, que nous qualifions de « professionnelle », les développeurs s’organisent eux-mêmes – dans notre cas comme dans celui de MySQL, ils ont créé leur propre entreprise – ce qui leur donne une crédibilité considérable quand ils offrent leurs services ».

Ce modèle est ce qui permet à JBoss d’offrir une promesse d’indemnisation en cas de difficulté ou de procès. Une décision stratégique qu’il explique ainsi: « notre objectif est tout simplement de contribuer avec notre engagement à faire un open source professionnel suffisamment sûr pour un usage commercial ».

Pour Marc Fleury, « JBoss anime certaines des communautés open source qui ont le plus de succès grâce à la professionnalisation de leur noyau. Elles ont infiniment plus d’énergie, d’activités et de personne vraiment engagées que tout ce qu’on peut obtenir sur la base du « dilettantisme ».

Une compagnie de tekos

« Il est clair que nous sommes une compagnie de tekos », m’a déclaré Fleury par téléphone. « Je la dirige un peu comme un dirigeant d’un label de rap. » Ses « artistes » comme il dit lui-même « sont millionnaires sur papier ».

Il en tire une satisfaction compréhensible, mais probablement « non suffisante » comme l’indique ce passage trouvé dans un document d’explication du modèle économique de JBoss qui : « bouleverse (is disruptive to) les logiciels propriétaires parce qu’i tire parti de l’open source pour fournir des logiciels de qualité commerciale à des coûts totaux (total cost of ownership), sensiblement moindres ».

JBoss est encore une petite société mais, à l’égal d’IBM et de Sun, par exemple, elle voit dans open source une excellente façon de concevoir les affaires, aujourd’hui dans le secteur technologie.

J’imagine que cela peut en choquer plus d’un mais j’aimerais bien savoir ce que vous pensez d’open source comme modèle économique à côté de ses vertus comme modèle social…

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...