Nous vivons, sans le savoir, dans un monde modulaire qui peut faire peur mais dont nous devons apprendre à tirer le meilleur parti. Les grands ensembles conçus et proposés par des institutions, sont de plus en plus souvent remplacés par des modules que nous assemblons à notre guise. Cela touche tous les domaines.
Ainsi le Massachussetts Institute of Technology, la prestigieuse université d’ingénierie âgée de 153 ans, s’apprête à bouleverser les cours traditionnels. S’interrogeant sur la meilleure façon d’enseigner, l’institut envisage dans un rapport récemment publié, de diviser les cours en modules que les étudiants pourraient suivre dans l’ordre de leur choix.
La conclusion est tirée de l’analyse d’edX.org leur enseignement en ligne qui compte parmi les plus appréciés. Sur plus de 800 000 inscrits à ce jour, à peine 5% ont terminés. Mais une enquête plus poussée montre que plus de la moitié ont sérieusement suivi certaines parties et 40% estiment que les cours « gagneraient à être modularisés ».
iTunes nous a tous sensibilisés aux modules musicaux en faisant voler en éclat les CD d’antan. Il en va de même pour les journaux que nous lisons par articles en suivant les pistes indiquées par Google, Facebook ou Twitter sans passer par la page d’accueil conçue par la rédaction. Autres exemples dans un domaine éloigné : l’architecture et l’urbanisation ont de plus en plus souvent recours aux solutions modulaires : Le plus connu est la « Container City » de Londres construite dès 2001 dans le quartier des docks.
A Amsterdam, TempoHousing a construit le plus grand village modulaire du monde (pour étudiants) en se servant de conteneurs (le module architectural par excellence). Une technologie qu’elle utilise maintenant pour construire appartements et hôtels.
La modularité permet aussi d’envisager des projets plus ambitieux et plus fous comme l’aménagement des stades construits à trop grands frais au Brésil pour le Mundial en logements populaires, une idée proposée par deux architectes français Axel de Stampa et Sylvain Macaux.
OVA Studio de New York propose même une solution pour l’agriculture urbaine conçue sur la base d’une structure verticale dans laquelle pourraient être insérés (et retirés) des conteneurs. Le projet pilote pourrait voir le jour pas loin du siège de l’ONU.
Loin d’être isolés, ces exemples indiquent une tendance forte qui nous vient du web comme l’avait écrit dès 2002, David Weinberger dans un livre intitulé « Small Pieces Loosely Joined » (« Petits morceaux unis de manière souple », une des meilleures métaphores pour comprendre le monde d’aujourd’hui).
Les « entités étroitement liées » – comme les livres, les cours ou les immeubles traditionnels – sont « déchirées en morceaux et jetées en l’air ». En clair, « le web change notre compréhension de ce qui réunit les choses ». Nous y perdons sans doute en unité et y gagnons en autonomie connectée dans laquelle il nous revient d’établir les liens, de composer les assemblages.
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