Les langues de la blogosphèreLa blogosphère croît, s’enrichit, s’étend et se calme… un tantinet. Telle est l’analyse faite par Dave Sifry, patron de Technorati, dans son dernier État de la blogosphère (il le publie tous les trois mois).

Ce moteur de recherche indexe aujourd’hui 60 millions de blogs (l’étude de Sifry a été faite à 57 millions). Le rythme de croissance a quelque peu ralenti. 55% d’entre eux sont actifs (mis à jour au moins une fois dans les trois derniers mois).

Les quatre premières langues sont l’anglais (39%), le japonais (33%), le chinois (10%) et l’espagnol (3%). L’italien, le russe, le portugais et le français suivent avec 2% chacune. Elles sont suivies de l’allemand et du farsi avec 1%. L’anglais et l’espagnol sont plus globaux que le chinois et le japonais, plus localisés. Mais ces chiffres sont à prendre avec des pincettes car Technorati indexe mieux les blogs anglo-saxons (et les japonais pour lesquels il a un service spécial).

La partie médullaire de l’analyse de Sifry porte sur une classification des blogs en fonction de leur autorité. 2% des blogs reçoivent au moins trois liens pointant dans leur direction. 4.000 reçoivent plus de 500 liens. 26.000 en reçoivent entre 100 et 500. Sifry suggère que dans les deux cas l’autorité est proportionnelle au nombre de mois de présence en ligne et au nombre de billets publiés (25 par mois dans le premier groupe, 53 dans le second).

Amy Garhan, animatrice de E-Media Tidbits un blog collectif de journalistes professionnels qui suivent les nouveaux médias, doute du sérieux cette approche. Les liens sont souvent critiques, ils ne sont pas toujours significatifs. Plus on publie plus on offre de motifs pour pointer un lien dans sa direction.

Elle propose de mesurer l’autorité par rapport à l’audience visée. Les gens intéressés par les questions juridiques en Alaska sont moins nombreux que ceux qui écrivent sur les hoquets de la politique américaine. Mais le blog qui traite de leurs problèmes est une autorité irremplaçable pour eux.

J’ajouterai que le principe appliqué par PageRank, l’algorithme de classification des pages web de Google, pourrait enrichir l’approche de Technorati. Il consiste à pondérer le nombre de liens pointant en direction d’une page en fonction du trafic du site d’origine.

Le plus intéressant c’est peut-être que les 98% de blogs que Sifry ne prend pas en compte (ceux qui reçoivent moins de 3 liens) se soucient peu du nombre de pages pointant dans leur direction. C’est la petite niche de leurs amis, parents, collègues ou complices qui les passionne. Et elle seule. C’est la qu’est la vraie vie de la blogosphère.

Il s’agit en fait de deux univers différents que nous devons apprendre à bien distinguer.

Qu’en dites-vous?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...