L’acquisition des connaissances par l’enseignement est dans une impasse. Plus personne ne supporte de recevoir celles qu’un prof a pu acquérir il y a dix ans ou plus. L’accès à celles que nous pouvons trouver on line n’est pas assez excitant pour être motivant.
J’ai déjà parlé de la nécessité d’acquérir autrement ces connaissances dont nous avons besoin et montrant comment on peut s’appuyer sur l’apprentissage par défis (challenge based learning). Il faut aller plus loin, miser sur la curiosité. Apprendre ou découvrir. L’un est toujours dans l’autre, mais pas nécessairement de la même façon, et la façon compte.
- Les technologies nous permettent d’accéder facilement aux informations qui sont la base de toute connaissance.
- Les choses changent trop vite pour que l’on puisse se satisfaire de ce que l’on apprend (à l’école ou ailleurs). Il faut remettre ses pendules à l’heure régulièrement.
- Apprendre n’est pas une activité technologique. Elle est parfois solitaire mais toujours en relation avec le monde, avec d’autres (professeurs ou étudiants). La technologie n’est jamais qu’un outil… essentiel.
Il faut passer des connaissances qu’on transmet à la curiosité qu’on éveille, d’abord, puis qu’on aide à se développer. Ça met l’esprit, les sens et le corps en mode actif au lieu de passif ; ça implique d’ouvrir son esprit ; ça conduit à prendre des risques.
La science nous montre que la curiosité modifie favorablement le cerveau vient de révéler une étude publiée par la revue Neuron.
- Une personne curieuse de découvrir quelque chose retient mieux ce qu’elle découvre. Immédiatement et au bout d’une journée. Elle se rappelle même des choses n’ayant rien à voir, mais avec lesquelles elle est entrée en contact peu après. La résonance magnétique montre une activité plus grande dans la région de l’hypothalamus, généralement associée avec la mémoire.
- On constate également une relation entre la curiosité et les zones du cerveau associées avec la satisfaction (reward). Une sorte d’anticipation heureuse se met en place et, selon la revue Scientific American, « le système de récompense du cerveau semble préparer le cerveau à l’apprentissage. »
- Outre la façon de procéder (classe inversée, par exemple) et les défis de tous ordres, la technologie peut aider les profs de façon simple explique Julie Sippola, professeur de sciences du secondaire dans l’état d’Ohio : « tout ce qui est interactif inspire leur curiosité. «
Consultant spécialiste du coaching en Asie, Wali Zahid met la curiosité au poste de commande. Acquise il y a trop longtemps pour être transmise de façon utile, la connaissance devient vite obsonnaissance… (obsoledge) qui, en français, ne donnerait naissance à rien…
La connaissance donne un sens de supériorité et le sentiment d’être arrivé. La curiosité, elle, est tournée vers le présent et même vers le futur (ce que je vais apprendre). Elle implique la prise de risque (ne pas trouver, se mettre dans la position de qui ne sait pas…).
Sa conclusion : « Say goodbye to knowledge. Welcome curiosity » Adieu la connaissance. Bienvenue la curiosité.
Cet article a été publié dans L’Opinion le 7 décembre 2014.