Ça fait longtemps que les spécialistes sourient (ou grincent des dents) devant cette entorse aux règles éthiques du journal qui est généralement considéré comme un modèle en la matière. Des règles qui disent:
« Il est essentiel que nous préservions un détachement professionnel, libre de toute trace de parti pris […] Une pratique scrupuleuse exige que nous fassions régulièrement un pas en arrière pour voir si nous nous sommes trop rapprochés des sources auxquelles nous avons affaire régulièrement. »
Le cas est enfin étalé au grand jour par Clark Hoyt le « public editor » qui a interrogé trois spécialistes de l’éthique journalistiques lesquels ont unanimement constaté l’existence d’un conflit d’intérêt.
Outre l’article de Hoyt, ceux que l’affaire intéressent peuvent consulter la critique de Michael Arrington dans TechCrunch (mais il se venge aussi d’attaques du New York Times contre lui), le commentaire publié par Gawker et celui, humoristique de Dan Lyons , le FakeSteve(Jobs).
Ce qui m’intéresse dans cette histoire c’est que le New York Times reconnaît qu’il ne serait pas nécessairement bon de licencier Pogue dont la gloire est utile au journal et dont les compétences sont utiles au lecteur. Le journal s’engage donc à signaler (discrètement pour le moment) les intérêts annexes de Pogue et des autres journalistes susceptibles de conduire les lecteurs à s’interroger sur leur probité.
C’est un développement de ce que demande David Weinberger quand il dit que La transparence est la nouvelle objectivité . Weinberger se réfère au fait que, sur le web nous pouvons, grâce aux liens, renvoyer les lecteurs à nos sources au lieu de nous décréter « objectifs ».
L’affaire Pogue montre que l’objectivité garantie par la « distance » avec les sources ne marche plus toujours et qu’une façon de la remplacer est de révéler les intérêts proches ou lointains, directs ou indirects qui peuvent nous lier aux yeux des lecteurs à certaines de nos sources.
Certains blogueurs, Jeff Jarvis notamment , le font depuis longtemps. Il est bon que la « grande dame » qu’est le New York Times, se plie aux règles éthiques des gens qu’elle se croit obligée de fustiger régulièrement.
Dites-nous comment ça se passe en France, en Espagne, en Europe…
[Photo Flickr de Randal-Schwartz ]