La thèse centraledu livre La presse sans Gutenberg, de Jean-François Fogel et Bruno Patino (voirce billet et celui-ci) est que la presse est tenue de se transformer sous ladouble pression des algorithmes et de l’audience.

Petite précisionpour commencer : un lecteur demande ce qu’est un algorithme. Il a raison. Etsans attendre ma réponse il a pu lire celle donnée par un autre commentairesigné Guil qui lui explique (plus clairement que je ne l’aurais fait) que :

« L’algorithme,c’est le nom qu’on donne à une méthode qu’utilise un programme informatiquepour produire ses résultats. Un algorithme est meilleurs qu’un autre quand ildonne de meilleurs résultats dans un délai plus court.

Ce dont il estquestion ici sont les méthodes (algorithmes) utilisées pour choisirautomatiquement quelle information doit être mise plus en avant qu’une autre,et a quel moment. Ces algorithmes déterminent aussi comment les articles sontenvoyé dans la bonne catégorie (International, Société, etc…) et sont liésles uns aux autres (section « voir aussi », etc…). »

Mais revenons aubouquin de Fogel et Patino. Contrairement à eux, qui la voient essentiellement l’audiencecomme fragmentée et conduisant à une indiscutable solitude, je trouve quel’accent doit être mis sur le fait qu’elle s’organise partiellement en réseaux.

J’aiinterrogé Fogel sur cette question de l’audience « sans masse » commeil le dit dans son livre mais pas « sans réseau » comme je le suggèredans un billet précédent. Voici sa réponse :

« Exact:le livre ne va pas au-delà d’une mention chaleureuse et de quelquesinformations sur Wikipedia, les logiciels libres, le site américain du LawrenceJournal et le site coréen Ohmynews. Il était possible de s’étendre un peu plus.Mais cette réserve tient au point de vue du livre: écrit par des gens de pressequi traitent des effets d’Internet et du numérique sur toute la presse. Ilspeuvent témoigner de ce qui se passe pour les médias de masse. Mais dès lorsque les masses se fragmentent en niches et en réseaux, ils se retrouvent sur unpied d’égalité avec tous ceux qui se connectent: ils constatent que l’audiencea la main, alimente les contenus et décide des flux. Nous entrons de ce pointde vue dans une période décisive. Avec la diffusion du haut-débit, qui lève lesdifficultés techniques de l’accès, et avec les applications telles que lesblogs, il n’est plus nécessaire d’attendre pour voir ce que seront les réseaux.S’ils doivent se fortifier ce que l’on a lieu de croire, ils vont le faire dansles deux prochaines années. Et si une technologie permet de se repérerfacilement parmi eux, ils peuvent manger le terrain des médias de masse, il nefaut pas en douter. »

Un derniermot sur La presse sans Gutenberg : autant qu’à comprendre la presse d’aujourd’hui,il aide à comprendre l’internet. Ça ne concerne pas que les journalistes.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...