OnethousandyearsnonlinearhistoryHier soir j’airegardé, pour la première fois, deux épisodes de la série The West Wing (la vieagitée à la Maison Blanche). Je ne suis pas vraiment en avance sur mon temps,mais il se trouve que je ne regarde pas la télévision (hurlera qui veut). J’aidonc loué les DVD.

C’est plutôt bienfoutu et au cours d’un chemin trop compliqué et partiellement insomniaque çam’a poussé à réfléchir sur les relations complexes entre l’ancien et le nouveauen partant de ce qu’on appelle en anglais « narrative »: l’art du réciten quelque sorte. Un domaine d’autant plus passionnant que conter des histoiresest une de nos activités les plus anciennes et les plus caractéristiques.

Mon point dedépart a été la constatation que les gens de talents se déplaçaient vers desformes « nouvelles » comme le sont les séries de télévision. Ils nesont plus seulement à Hollywood (Bollywood, etc.) ne se limitent plus auxromans mais s’adaptent au marché, au goût des gens, à la mode, aux nouvellestechnologies.

Ceci étant lesformes anciennes demeurent au sein d’écosystèmes en constante mutation.

Mais àl’intérieur, comment ça marche?

Je m’y retrouve(plus ou moins) en distinguant trois plateaux:

– Lesformes émergentes tels que les récits (ou les jeux) multimédias interactifs enligne;

– Lesformes anciennes qui d’adaptent au nouveau contexte comme les séries téléviséesou les films qui s’attaquent à la linéarité comme Crash;

– Lesformes anciennes qui persistent (ou dont l’évolution est si lente qu’on a dumal à la percevoir): le fait par exemple que la littérature d’aujourd’hui estsouvent plus visuelle (sous l’influence de la télé et du cinéma) qu’elle nel’était jusqu’au début du siècle dernier;

Ça s’appliqueplutôt bien aux médias d’information: les blogs n’étaient pas vraimentconcevables il y a 20 ans; les médias traditionnels s’adaptent et intègrent deplus en plus la participation de leur audience sous forme de commentaire oudans la production même des nouvelles; enfin les journaux sur papiers, la radioet la télévision sont encore là pour un bon moment.

La difficultétient à la nécessité de tenir compte en même temps de deux vérités relatives:la première est que les formes solides ne disparaissent pas facilement (à notrerythme, certaines peuvent paraître éternelles), la seconde est que tout change.

Ça me rappelle Manuel de Landa, un philosophe mexicain installé à New York et disciple deGilles Deleuze et Félix Guattari (comment pourrais-je être indifférent?). Dansun livre fascinant intitulé A Thousand Years of Non Linear History, il sepenche sur l’histoire de l’humanité en partant des vitesses auxquelles évoluentpierres, gènes et normes. Un délice.

Donc, tout bougemais à des vitesses différentes. C’est d’autant plus compliqué que notrefenêtre de perception est des plus étroites. C’est aussi ce qui est stimulant.

 

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...