L’informatique suivra le chemin de l’électricité: au lieu d’être traitée au niveau de chaque entreprise, elle sera bientôt gérée dans des grandes « fermes de serveurs ». Applications et documents circuleront à peu de frais mais à grande vitesse sur l’internet. C’est ce qu’explique Nicholas Carr dans son livre The Big Switch : Rewiring the World, from Edison to Google , dont j’ai parlé hier .
Outre cette face cachée de l’informatique dans les nuages, il se penche aussi sur l’impact social d’une telle évolution. Sa vision est d’autant plus intéressante qu’elle est peu optimiste.
« Les systèmes informatiques en général et l’internet en particulier mettent un pouvoir considérable entre les mains des individus, mais elle mettent un pouvoir encore plus grand entre les mains des compagnies, des gouvernements et autres institutions dont la fonction est de contrôler les individus. Le coeur des systèmes informatiques n’est pas fait de technologies d’émancipation. Il s’agit plutôt de technologies de contrôle, » nous prévient-il.
L’absence de centre permet, par exemple, de contrôler depuis n’importe quel point. Il y a pire: ces actions sont plus difficiles à détecter que dans le monde physique.
Notre futur dépend largement, selon Carr, de la façon dont nous résoudrons cette tension entre les TIC comme outil de libération et comme outil de contrôle.
C’est exactement pour cela que je parle souvent du « potentiel libérateur » des TIC. Elles offrent à tout le monde la possibilité de livrer de nouvelles batailles, parfois sur de nouveaux terrains. Mais rien n’est gagné d’avance. Pour personne.
Corollaire: il n’y a pas de « nature » des technologies (de l’information ou autres). Elles sont des outils. Tout dépend de qui s’en sert et pour quoi faire.
Mais nous ne sommes peut-être pas d’accord… Discutons en…