Peut-on parler du « pouvoir perturbateur des TIC »?
C’est ce que j’ai fait dans le billet publié hier sur les excuses présentées sur YouTube par un patron américain. J’évoquais en l’occurrence la capacité de contourner les canaux traditionnels de communication entre les puissants et le public.
Certains commentaires réservés, voir critiques (ils sont toujours les bienvenus) m’invitent à préciser ma pensée car il s’agit pour moi de ce qui est au cœur de l’importance sociale des technologies de l’information et de la communication.
Je ne crois pas à une quelconque « nature » plus ou moins transcendante de ces TIC, qu’on les dise « de gauche » ou « américaines ». Elles ne sont pas neutres pour autant et peuvent, selon la stratégie dans laquelle elles s’insèrent, avoir un effet perturbateur ou pérennisant.
Dans le monde des affaires la question se pose en termes de parts de marché. Une innovation a un impact perturbateur quand elle permet à de jeunes entreprises de prendre des parts à des boîtes établies. Elle a un effet pérennisant quand elle renforce les sociétés les mieux installées.
Elles créent ou font apparaître des menaces et des opportunités inexistantes ou invisibles jusqu’alors. Elles ouvrent des espaces sur lesquels la compétition s’engage de manière nouvelle, les affrontements ne se jouent pas exactement comme avant.
Difficile de dire clairement ce qui se passe dans le domaine sociétal où l’ordre ne se mesure pas en parts de marché (ni même en suffrages).
Il est pourtant clair que les TIC y permettent de nouveaux agencements. Le net, par exemple peut aider à contourner la censure. Il peut aussi faciliter la tâche de ceux qui entendent contrôler nos activités. Dans les deux cas, son apparition permet d’engager de nouveaux affrontements, et/ou de reprendre ceux de toujours sur de nouvelles bases.
L’erreur commise hier était donc de parler de pouvoir perturbateur. La notion de « potentiel perturbateur » des TIC est beaucoup plus juste dans la mesure où elle permet de prendre en compte à la fois l’ébranlement, donc l’opportunité et le fait que rien n’est gagné d’avance.
Ça vous paraît utile?