bernersleewwwproposal.1237190774.jpgC’est avec ces mots que le chef de Tim Berners-Lee a commenté le document dans lequel il dressait la première ébauche, remise le 13 mars 1989, de ce qui devait devenir le World Wide Web. Il y a vingt ans.

Désireux de mieux gérer l’énorme quantité de documents du CERN, le laboratoire européen de Genève où il travaillait, Berners-Lee était sans le savoir en train d’inventer du même coup un outil qui nous conduit à penser et établir des relations humaines de façons différentes.

L’idée de créer des liens activables entre documents remontait au Memex et à un texte publié en 1945 par Vanevar Bush , conseiller scientifique de Roosevelt pour les questions militaires.

L’impact considérable de sa mise en œuvre s’explique d’abord par le fait qu’elle permet de transformer un espace plein de documents assoupis. Comme peut l’être une bibliothèque virtuelle ou réelle, en véritable système dynamique susceptible d’engendrer l’émergence de formes nouvelles d’intelligence.

Mais en insistant sur les relations tout autant que sur le contenu, en simplifiant leur établissement, en montrant que rien n’est (ou ne devrait être) isolé, le web dépasse largement la gestion de l’information.

Une page existe en dehors du livre pour lequel elle a été conçue. Une chanson cesse de n’exister que dans son CD pour se connecteur à autant de Playlists qu’on veut, les humains peuvent maintenant s’allier à d’autres, hors des communautés dans lesquelles ils sont nés, auxquelles ils appartiennent.

C’est toute notre façon de nous relationner à d’autres qui en est bouleversée, celle qui consistait à appartenir ou pas, à être dedans ou dehors, pour ou contre. Cela pourrait fort bien entraîner une révolution des connaissances et des relations sociales.

Mais Berners-Lee, en concevant le web a crée un animal différent de tout ce que nous connaissions et dont le fonctionnement ne peut pas se déduire de ce que nous savons de la dimension physique du monde dans lequel nous vivons.

Vingt ans après, c’est presque aussi vague et peut-être encore plus passionnant.

Et il n’a pas fini : web sémantique , Linked Data , Giant Global Graph , il n’est nullement décidé à s’arrêter.

Mais si vous voulez en savoir plus sur ses projets, le mieux est de regarder la présentation qu’il a faite lors de la Conférence TED de février dernier. C’est là que je l’ai entendu rapporter le commentaire de son patron d’alors. Pas si mal quand on y réfléchit. Comment aurait-il pu savoir ?

En quelques lignes de texte, Tim Berners-Lee s’est donc permis d’ajouter une dimension (digitale) à la dimension physique qui nous limitait jusqu’alors, de nous inviter à penser différemment et de libérer nos façons de nous relationner à nos congénères… Je trouve cela assez énorme pour un seul rapport.

Et vous ?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...