L’avenir des technologies de l’information et de la communication est fait de WiFi, connexions à haut débit et informatique distribuée si l’on en croit les plus de 200 professionnels réunis dans le cadre de la conférence Future in Review (Fire) réunie à San Diego en Californie le mois dernier pour prédire l’évolution des cinq prochaines années.

San Diego, Californie, 16.juin.03

L’image retenue pour expliquer l’importance de WiFi c’est qu’on passe du « pain aux raisins » au « nuage ». Les points d’accès d’aujourd’hui ressemblent à des raisins dans la viennoiserie en question alors que, selon Larry Brilliant, Vice-Président de Cometa Networks: « La multiplication des hotspots finit par former comme un nuage d’accès continu. »

L’image retient l’attention et Bill Janeway de la société d’investissement Warburg Pincus répond à ceux qui disent que les technologies de l’information ne comptent pas: « Elles n’auront pas plus d’importance dans cinq ans que l’air ou que l’électricité. On s’en rendra compte quand elles manqueront. » Elles seront invisibles mais on ne pourra plus s’en passer.

Annoncée il y a longtemps, l’ère du broadband semble enfin arrivée. « Avec 20 millions de lignes [aux États-Unis] nous avons atteint le chiffre magique, » estime Martin Tobias de Ignition Partners. On a atteint la masse critique qui fait qu’il est maintenant rentable de produire le contenu adéquat, ce qui devrait à son tour entraîner qu’un nombre croissant de foyers adoptent les lignes à haut débit.

La troisième technologie qui promet est le grid computing, c’est à dire, selon Andrew Grimshaw, responsable de l’informatique de la société Avaki, « la virtualisation des ressources ». Plutôt que de s’appuyer sur un superordinateur, les entreprises partagent les ressources dont elles disposent indépendamment de la machine ou même de l’endroit où elles se trouvent. Cela permet d’augmenter la puissance de l’ensemble mais aussi d’utiliser les ressources de façon plus rationnelle et donc, de réduire les coûts.

La conséquence est que tous les objets auront bientôt une adresse IP et qu’on finira par se servir de l’internet comme de l’électricité, on le trouvera partout et on paiera en fonction de la consommation effective. Pour rendre l’évolution plus parlante Wolfgang Gentzsch, responsable du secteur grid computing chez Sun Microsystems la définit ainsi: « on a d’abord eu les ordinateurs « embedded » (intégrés) à l’internet, puis l’ordinateur incorporé dans les objets, bientôt on aura les objets incorporés à l’internet. »

La multiplication du nombre d’appareils connectés en permanence, le fait que nous pouvons rester en ligne tout en nous déplaçant et l’utilisation des ressources où qu’elles se trouvent posent deux problèmes clés: la reconnaissance de l’identité de chaque usager et de chaque appareil à chaque instant, et la sécurité dans la transmission des données. Greg Mundie, vice-président de Microsoft, promet de « traiter la notion d’identité d’une manière plus uniforme et plus explicite ». Il faudra montrer patte blanche à chaque pas, mais la difficulté est la compatibilité entre les différents systèmes et il reconnaît que le problème de l’identité au niveau mondial est particulièrement délicat.

Le second niveau de difficultés tient à l’évolution générale de l’informatique qui doit son succès à la loi de Moore (la puissance des microprocesseurs double tous les dixhuit mois alors qu’à puissance égale leur prix se réduit de moitié). Elle ne s’applique en fait qu’aux machines. Or leur rôle dans l’ensemble tend à diminuer alors que celui du software, et de plus en plus celui des services, gagne en importance.

Pour Will Swope, vice président de Intel, « les programmeurs ont oublié la loi de Moore ». La puissance de calcul accrue et la connectivité constante entraînent une complexité croissante que les logiciels n’arrivent pas à gérer de façon satisfaisante. « Les progrès réalisés au niveau des machines et des appareils ne se manifestent pas au niveau des usagers à cause de cela, » affirme Andy Bechtolsheim de Cisco.

La situation économique globale n’est pas bonne et ne devrait pas s’améliorer à court terme. Mais Mark Anderson, organisateur de la conférence s’est déclaré convaincu que « nous allons remettre la technologie à la pointe de l’économie. »

Pat Gelsinger, VP de Intel n’hésite pas à dire: « Au fond, nous voulons que notre technologie atteigne chaque humain sur terre et chaque aspect de sa vie ».Vision du futur ou business model?

Future in Review

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...