L’apparition avec My Web 2.0 de Yahoo (voir ce billet) d’un moteur de recherche capable de tirer parti des réseaux sociaux suscite un intérêt réel. Danny Sullivan, fondateur de SearchEngineWatch.com y voit un « eBay des connaissances ».
Mais le scepticisme demeure. Del.icio.us reste ultra minoritaire et l’engouement pour Linkedin.com, Friendster.com et autres s’est sensiblement refroidi. Certains analystes ont des doutes sur l’utilité des réseaux sociaux qui sont lourds à gérer.Question de confiance
Ce à quoi Caterina Fake, co-fondatrice de Flickr et partie prenante à l’expérience de Yahoo, répond en soulignant que « votre réseau social sur My Web 2.0 devrait se limiter aux gens qui ont de fabuleux signets qui vous plaisent ». Il s’agit, selon elle de « chercher de conserve avec les gens en qui on a confiance ».
Le fait que l’utilisation des réseaux sociaux soit proposée par un site aussi populaire que Yahoo pourrait avoir un impact considérable.
« Nous pensons que nous verrons des milliers de réseaux émerger immédiatement » a déclaré Eckart Walther, vice président de Yahoo à Danny Sullivan qui ajoute: « En regardant les patrons selon lesquels les usagers gardent les pages en mémoire Yahoo pourra puiser dans des réseaux de confiance (trust networks) ».
Rien ne permet cependant d’assurer que l’usager lambda s’intéressera à ce service et y prendra goût. «L’effet de réseau pourrait ne jamais se matérialiser» note Andy Baio sur waxy.org. John Battelle qui prépare un livre sur Google se contente de noter sur son blog que « c’est un test essentiel sur l’utilité des réseaux sociaux ».
La réserve la plus sérieuse – mais personne ne semble l’avoir clairement évoquée – porte sur la confidentialité des données : nos questions sont intégralement gardées sur les serveurs de Yahoo (comme elles le sont sur ceux de Google) où elles côtoieront des informations sur les gens que nous connaissons. « Privacy issues may arise, » dit laconiquement Ross Mayfield, PDG de SocialText sur le blog collectif Many2Many. Des réponses différentes
En fin de compte, le principal intérêt de My Web 2.0 est qu’il devrait donner des réponses différentes de celles de autres moteurs de recherche et, comme fait remarquer Chris Sherman sur SearchEngineWatch.com « Cela veut également dire que les résultats de nos recherche évolueront avec le temps à mesure que notre réseau personnel et ceux de notre communauté s’étendent ».
Comme souvent, l’intérêt est dans la « différence ». On retrouve la vieille distinction concernant l’usage que nous faisons des ordinateurs entre ceux qui attendent qu’ils « augmentent » les capacités humaines et ceux qui cherchent plutôt à s’en servir pour nous « remplacer » (voir ce billet).
Cette avancée des tenants de « l’augmentation » est d’autant plus importante qu’aujourd’hui la recherche d’information « n’est pas seulement une indexation de la toile, note John Battelle. Il s’agit de notre interface avec le monde ».