redaclepost02.1261010461.jpgJe viens de passer deux jours avec la rédaction du Post pour voir comment elle fonctionne.

LePost.fr , est au départ une expérience de journalisme collaboratif lancée en septembre 2007 par l’équipe du Monde.fr. Tout le monde peut ouvrir sa page et poster informations, commentaires et opinions. La rédaction propose elle aussi de l’info, sélectionne parmi celles mises en ligne par les participants, les vérifie et les met en « une » le cas échéant.

C’est aujourd’hui une des tentatives les plus abouties de collaboration entre une rédaction et une communauté de posteurs réunis autour de « l’actu ». Elle a été signalée comme telle au Media Technology Summit qui s’est tenu en octobre au Googleplex .

Les critiques ne manquent pas pour autant (ou pour cela?) qui lui reprochent son coté « trash », « buzz » et « people ». Mais si l’on peut s’interroger sur les sujets abordés et les angles choisis (j’y reviendrai), force est de reconnaître que ce site s’est hissé en à peine deux ans à la 13ème place des sites d’info devant Libération avec 2,8 millions de visiteurs uniques par mois en octobre.

Ce pari qui consiste à mélanger travail journalistique classique et innovations potentiellement utiles pour le futur des médias mérite un effort de compréhension.

Installés depuis peu dans les locaux du quotidien, l’équipe du Post travaille autour d’une sorte de grande table rectangulaire. 5 ordis d’un côté, 5 de l’autre se faisant face à face, plus un pour faire bonne mesure en bout de table.

Il s’agit donc d’une toute petite équipe qui dialogue constamment. Il n’y a pas de secrétariat de rédaction mais tout post est relu par un autre membre de l’équipe qui prend le temps. Ça tourne avec le sourire, presque en douceur. Il faut vraiment dresser l’oreille pendant la conférence de rédaction qui a lieu tous les matins vers 9h et pendant laquelle, comme partout ailleurs, ils se répartissent les sujets, discutent les angles. Mais, avant comme après, ils ne cessent d’échanger, pistes, liens, infos.

Outre les dialogues directs que la disposition physique du lieu encourage, ils utilisent GoogleTalk pour communiquer. « Je lis plein de magasines, de livres, de journaux et je suis de près la presse quotidienne régionale » explique Céline Rastello qui s’occupe des faits divers. « Quand je trouve quelque chose qui peut intéresser une autre rubrique je le leur signale. »

Ça n’arrête pas. Mais « nous avons une règle » précise Alexandre Piquard rédacteur en chef adjoint, « quand quelqu’un radote il ne faut pas l’envoyer promener [presque « sic »]. Mieux vaut avoir l’information deux fois qu’une ».

Je ne sais pas jusqu’à quel point ils sont copains en dehors de la rédaction mais j’ai constaté qu’ils avaient tous envie de voir Aude Baron passer à la télé pour présenter le « Concours des chats mignons  » organisé par LePost.fr.

Cet esprit d’équipe ne suffit sans doute pas pour faire un grand journal mais il est indispensable pour travailler à très grande vitesse. Il est le signe d’un rapport différent aux questions de pouvoir qui gangrène d’autres formes de journalisme et il est surtout la porte d’entrée permettant de déboucher sur une relation différente avec les lecteurs, qui est le cœur du modèle.

Vous qui lisez Le Monde (au moins sur le site), dites nous ce que vous pensez du Post. Je continuerai à vous dire ce que j’ai découvert de leur façon de travailler.

[Photo LePost.fr]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...