Les premières étapes de mes voyages autour du monde des TIC et de l’innovation m’ont aidé à comprendre que certains geeks, entrepreneurs (sociaux ou pas) et activistes se retrouvent souvent dans des espaces communs, qu’ils ont en fait de multiples points communs.

La raison d’être de ces complicités/parentés dans les pays visités jusqu’à présent, peut en partie s’expliquer par leur niveau de développement. En très gros, ces gens fréquentent les mêmes conférences, se retrouvent dans les espaces où la bande passante (et la fiabilité de la connexion) dépasse largement ce qu’ils ont chez eux. A cela il faut ajouter qu’au sud une entreprise ambitieuse ne peut pas se préoccuper que d’elle-même. Elle doit, pour prospérer, apporter sa contribution au développement de l’infrastructure (toujours insuffisante) et donc jouer un rôle social. C’est, en l’occurrence, le pont entre ceux qui pensent plutôt à se remplir les poches et ceux qui luttent d’abord contre les injustices et la répression.

La question posée est alors de savoir dans quelle mesure ces liens existent aussi dans les pays développés, où la pénétration des TIC est plus profonde, le marché plus mature. Où travailler dans un lieu public ou collectif, n’apporte pas d’avantage technique par rapport aux conditions que l’on trouve au bureau ou chez soi. Où l’infrastructure fait partie du paysage, comme une évidence (en général).

Ce qui saute aux yeux en Afrique et à Beyrouth existe bien ailleurs, plus discrètement peut-être. Les co-working spaces sont apparus à San Francisco et à BostonCambridge. Ils se multiplient à ParisLondresBerlin et Madrid. Les geeks, entrepreneurs et activistes, se connectent à plaisir (on appelle ça networking) dans les conférences – chacune offrant ses propres proportions du mélange technologie-business-action sociale – comme j’ai pu le constater, en Europe (LiftLeWeb ou Netexplorateurs) et aux États-Unis (FireSciFooSupernova).

Plus significatif encore on les retrouve souvent autour des mêmes causes : SOPAPIPAHADOPI ou Loi Sinde, pour n’en mentionner que quelques unes.

Les complicités entre geeks, entrepreneurs et activistes que j’ai comprises en Afrique se retrouvent différemment mais valent aussi dans les pays les plus développés.

Elles concernent des individus et des groupes (entreprises, institutions et réseaux) qui ont recours aux TIC pour briser les statu quo et promouvoir leurs causes qu’elles soient individuelles ou collectives. Cette tension entre eux et ceux qui refusent ou réduisent au minimum les changements que permettent les technologies de l’information me semble aujourd’hui tout aussi importante que les oppositions idéologiques et politiques traditionnelles.

Le pari des enfants d’Archimède est donc qu’une des meilleures façons de faire bouger le monde aujourd’hui consiste se lancer à fond dans l’innovation et les technologies perturbatrices avec la participation des webacteurs.

A vous de dire ce qui est le point d’appui et ce qui est le levier.

Après avoir répondu à la question : en êtes-vous ?

[Image trouvée sur le site Philstockworld.com]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...