La formule en vogue du côté ouest de l’Atlantique consiste à dire « the internet is broken », et s’il n’est pas vraiment cassé, ses problèmes sont assez sérieux pour qu’on agisse comme s’il l’était. Une position que les Européens ne partagent pas.

L’argument américain est double : on lui demande de faire des choses pour lesquelles il n’a pas été conçu (tout le wireless par exemple) et il est impossible d’assurer la sécurité (à laquelle on aspire face aux pourriels, aux virus et aux attaques de type politique ou militaire) si on préserve la possibilité d’anonymat qui est elle-même au cœur du système.

La technique elle même se révèle fragile comme l’a récemment montré le programmeur Dan Kaminsky pour le Domain Name System, le système qui organise tous les noms de domaine.

Tout ceci a conduit John Markoff à écrire un article sur le sujet au titre provoquant : Avons-nous besoin d’un nouvel internet ?

Il s’y fait l’écho de deux initiatives importantes lancées par le gouvernement américain : le projet GENI (sous la responsabilité du M.I.T.) et le projet Clean Slate (sous la responsabilité de l’Université de Stanford. Le nom de ce dernier en dit long sur la nature de l’approche américaine. Clean Slate  veut dire en effet « table rase ».

On efface tout et on recommence et cette fois-ci l’appareil de sécurité américain a tout ce qu’il faut pour que la réorganisation se fasse en ses termes et pour reprendre un contrôle de l’architecture qui s’effiloche peut-être.

J’ai appris lors d’une conférence qui s’est tenue récemment à Prague sur le futur de l’internet , que les Européens ne sont pas d’accord.

Ils ont de bonnes raisons dont je rendrai compte très bientôt.

[Photo Flickr de delta407 ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...