Concernant l’objet lui-même, on sait maintenant que l’écran fait un poil plus de 15 cm, qu’il vient avec une adresse courriel qui permet de recevoir des documents et donc de les lire sur l’appareil (mais les formats acceptés sont encore très peu nombreux), que les livres sont téléchargés en une minute environ, qu’on peut faire des recherches dans les textes emmagasinés autant que sur le net et surtout que le premier chapitre de presque tous les livres disponibles est gratuit.
Pour ceux qui veulent plus de détails de gens qui l’ont déjà essayé, je conseille ce billet de BoingBoing et celui-ci de PaidContent dont j’apprécie la conclusion: « Le discours de Bezos [patron d’Amazon] a enthousiasmé l’audience. Le problème est que le fossé qui sépare la description de l’appareil lui-même » écrit Joseph Weisenthal avant de terminer sur ces mots: « Avec quelques améliorations à l’écran et un système de navigation plus intuitif, il pourrait devenir un produit attirant, même à ce prix » [400 dollars].
Mais, comme on pouvait l’imaginer, le lancement de ce nouvel appareil électronique suscite des discussions passionnées sur le futur du livre.
Dans le Newsweek de cette semaine (c’est l’article de couverture) Steven Levy met en avant les avantages du livre connecté, des textes reliés les uns aux autres, du livre comme processus plus que comme produit, etc. Il cite plusieurs des sources – dont Kevin Kelly – que j’avais utilisées l’an dernier dans une série de papiers sur le même sujet (voir ces billets: un , deux , trois , quatre , cinq ).
Avec son mordant habituel, Nicholas Carr remarque pour sa part que Jeff Bezos de dit rien de ces délires futuristes (que Carr semble mépriser) et donne une idée très classique de son amour pour les livres quand il écrit à propos du lancement de Kindle:
« J’adore me poser sur un fauteuil confortable pour une longue lecture. A mesure que je me relaxe sur le fauteuil je me détends également dans les mots, les histoires et les idées de l’auteur. Le livre physique est un objet si élégant qu’il s’estompe à l’arrière-plan. Le papier, la colle, l’encre et les coutures qui font le livres disparaissent et ce qui reste est l’univers de l’auteur. »
Pour Carr, il ne fait aucun doute que Kevin Kelly se trompe quand il écrit que la grande vertu du Kindle est qu’il est toujours connecté et que c’est « la capacité d’interagir, manipuler, donner forme, couper, sélectionner, annoté et mixer qui feront que les livres resteront importants. » Carr affirme au contraire que c’est « le respect pour l’auteur individuel, le lecteur individuel et la sainteté du livre comme un container (récipient) fermé » qui préservera l’importance du livre.
Je dois confesser que dans ma motivation d’achat il y a la recherche d’un plaisir très comparable à celui invoqué par Bezos mais aussi la désir de voir émerger de nouveaux modes de lecture, de nouvelles formes de littérature.
La force extraordinaire du livre tient largement au fait qu’il a été raffiné, fignolé, amélioré pendant plus de cinq siècles. Je trouve merveilleux d’être là au moment où nous avons l’opportunité de le réinventer. C’est pas tous les jours…