Il en va des conférences comme des hommes : leur style (voir aussi ce billet) les définit autant que ce dont ils débattent. Ainsi la seconde Open Source Business Conference (OSBC) qui vient de réunir financiers et informaticiens pour discuter des modèles économiques liés au code source ouvert s’est-elle tenue dans un des hôtels les plus luxueux, en plein centre ville commercial et financier de San Francisco. On y a parlé de « lancer des affaires valant des milliards de dollars » et des meilleures stratégies pour y parvenir.

Les costumes-cravattes y étaient plus fréquents que les T-shirts, les jeans et les sandales. Les sponsors comprenaient (entre autres) Sun, Oracle, Intel et Microsoft. Et comme l’ont fait remarquer plus d’un, on a préféré l’utilisation du terme Open Source à celui de Free Software qui n’est pas très bien vu par ces messieurs de la finance.

« Le nombre de participants s’élève à 700 dont 70 capital risqueurs, et quarante compagnies privées », nous a déclaré Bryce Roberts, un des fondateurs de la conférence qui a eu lieu les 5 et 6 avril. « Le reste étant composé de responsables informaticiens, de vendeurs de solutions open source et d’avocats. »

Les intervenants ont parlé des licences de distribution de logiciels, de propriété intellectuelle, de standards, de communautés, comme il se doit dans une conférence sur ce thème. Mais l’axe principal était incontestablement la « stratégie d’entreprise » qui n’apparaissait officiellement que comme l’un des thèmes. Les participants ont pu voir des démonstrations de sociétés faisant une grande part à l’open source dans leur modèle économique et ont discuté surtout de comment intégrer ce modèle dans leur développement.

L’élément le plus frappant, pas nécessairement le plus évident, c’est que personne ne semble plus discuter l’intérêt économique de l’open source. Même Microsoft qui continue à le combattre lui fait une place dans son dispositif.

En janvier dernier Bill Gates assimilait les tenants de l’open source à des « sortes de communistes des temps modernes ». Mardi dernier, Jason Matusow, un des dirigeants de son entreprise est venu déclarer que la plupart des responsables de produits de Microsoft peuvent maintenant adopter des mélanges de codes propriétaires et libres. Sa performance délicate a été comparée par un analyste de la revue InfoWorld à celle d’un catholique prêchant en terre protestante. Mais il est venu et il a été civilement écouté.

Cela peut être compris comme la preuve de la validité du concept, comme un hommage du vice à la vertu ou comme une menace.

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J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...