Les chapitres 3 et 4 traitent de la difficulté de créer des Silicon Valley et de quelques recettes pour y parvenir.

Ils suivent la présentation de certains des innovateurs qui m’ont le plus impressionné dans mon tour du monde (chap. 1) et la définition de l’innovation proposée au chapitre 2.

 

Chapitre 3 – Créer deux, trois, d’innombrables Silicon Valleys…

A Dakar, Karim Sy s’applique dans le Jokkolabs, l’espace de coworking qu’il a créé, de transformer les liens faibles qui caractérisent un réseau en liens forts qui font une communauté… sans laquelle rien de solide ne peut naître.

Je reprends ensuite quelques éléments de base – tels le fait que toute innovation est affaire d’assemblages, que ces derniers prennent du temps et dépendent de rencontres improbables qui ont besoin d’argent pour réaliser leurs idées folles – pour mettre en avant la notion d’écosystème.

Et comme je me méfie des termes vagues, utilisés à satiété, je vous propose un petit détour par la nature pour être sûr que nous aurons des bases communes pour mieux comprendre ce concept essentiel.

Je teste ensuite l’outil en l’appliquant à Skolkovo, la grande Silicon Valley russe, créée par le gouvernement à l’image – modernisée – des villes de la science soviétiques d’antan. Ils y ont mis beaucoup d’argent et beaucoup d’intelligence mais la création par l’État oblige à un certain contrôle qui n’est pas ce qui convient le mieux.

Il y a, par ailleurs, des gens qui crient haut et fort « N’essayez pas de copier Silicon Valley », comme le montre un débat acidulé à propos de la petite ville irlandaise de Newry.

Le chapitre se termine par la façon dont Meng Wong et Hugh Mason, deux entrepreneurs de Singapour entendent lancer une culture de l’innovation, un peu à rebrousse-poil de la culture locale en s’appuyant sur les entrepreneurs de l’Asie du Sud-Est dont ils veulent faire des magiciens.

Chapitre 4 – La tangente et la jungle

Dans ce chapitre je poursuis ma recherche sur les conditions de création d’écosystèmes innovants en m’appuyant sur des exemples et des réflexions aussi divers que possibles.

Mahesh Murthy et Vishal Gundal, sont deux entrepreneurs de Mumbai qui, après avoir réussi (chacun de son côté) sont arrivés à la conclusion que les incubateurs traditionnels ne marcheraient pas pour eux. Ils organisent donc des excubateurs… qui leurs permettent de prendre soin des jeunes pousses pleines de promesses sans les réunir en permanence dans un même lieu.

Le professeur Daniel Isenberg déconseille de copier Silicon Valley mais s’applique à créer des « révolutions entrepreneuriales » un peu partout dans le monde. Il est convaincu qu’on peut changer la culture locale assez vite comme le montrent les exemples du Chili et de l’Irlande.

Le plus difficile peut-être, dans l’approche de l’innovation, c’est qu’il faut se défaire des recettes d’efficacité et de production organisée, qui ont donné les résultats que l’on sait dans la phase d’industrialisation de nos sociétés. Les valeurs à cultiver aujourd’hui sont sérendipité, obliquité et résilience… une façon de penser différente qui invite à prendre – au lieu de la ligne droite – la tangente comme méthode.

Pressés par le temps et par son accélération nous voulons tous aller plus vite avec l’illusion que cela nous permettra de rattraper le modèle californien. C’est peut-être possible pour certains, mais nous devons tous comprendre que chacune de nos sociétés, l’ensemble de nos pays fonctionnent à des rythmes différents, dans des temps différents. Petit aperçu sur la polychronie.

Il devrait être clair maintenant que les systèmes étatiques ou simplement hyper organisés ne sont pas la meilleure façon d’encourager l’innovation. C’est ce que deux auteurs de Silicon Valley, Victor Hwang et Greg Horowitt, expliquent de façon lumineuse dans leur livre Rainforest. Les jardins, qu’ils soient à la française ou à l’anglaise ne laissent pas se multiplier les herbes folles que l’on trouve dans la forêt tropicale. Une métaphore extrêmement utile.

Je me rends compte au moment d’écrire ces lignes que la dernière vignette de ce chapitre vient de Recife… pas très loin de l’Amazonie, mère des forêts tropicales. C’est là qu’une poignée de professeurs d’informatique a créé, dès 1996, une communauté qui s’est librement développée et qui, avec l’aide de l’État – rien n’est simple – a fait de cette vieille ville coloniale la troisième technopole du Brésil.

Bonne lecture et… à dans 15 jours pour la suite.

Le cinquième chapitre portera sur les conditions physiques de l’émergence du génie collectif…

Peut-on créer des Silicon Valley? Comment? Lisez les chapitres 3 et 4

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...