La linéarité du son est un des points de rencontre (éventuellement conflictuelle) entre le récit traditionnel et ce que nous permet l’internet. J’ai dit dans un billet sur les podcasts que c’était la raison pour laquelle je n’y avais que très rarement recours. Vous avez réagi d’une façon qui invite à s’y arrêter comme je l’ai signalé plus tôt aujourd’hui dans le billet « Podcasts: une bonne discussion« .

DT a développe le problème que j’essayais de poser: « La linéarité du son est la clé. En fait, c’est de la linéarité du temps qu’il s’agit. L’immense bénéfice du web, celui qui pousse tout le monde à s’en servir et qui nourrit tous les fantasmes et autres bulles, c’est précisément la déstructuration du temps linéaire associée à celle de l’espace : l’émancipation par rapport au “hic et nunc”. »

J’apprécie particulièrement l’extension des possibilités de choisir qu’offre le web. Survoler quand ça me convient. M’arrêter quand il me plaît. Le récit raconté est effectivement pris dans la linéarité du temps. Et cela s’applique même quand il est accompagné d’images (multimédia) fussent-elles en mouvement (vidéo).

Le texte écrit se présentant d’une façon spatiale je peux choisir sur l’instant. La technologie peut aider. NetVibes, par exemple, me permet de survoler d’un regard le nom de vingt média différents et/ou les titres de dizaines d’articles, voir les premières phrases de ceux qui attirent mon attention.

A cela il faut ajouter au moins deux précisions:

Le multimédia devrait nous permettre d’utiliser des bornes visuelles nous permettant de choisir les éléments audio qui nous intéressent. Matiu l’avait parfaitement signalé dans un commentaire au billet original: «  Les fichiers de podcast peuvent contenir des balises assez évoluées, qui permettent en utilisant le lecteur approprié, d’avoir des infos complémentaires intéressantes (images) et de naviguer à sa guise le long du fichier son. »

L’article, le récit ou plutôt ceux qui les écrivent ont bien du mal à évoluer. Ils se présentent encore presque exclusivement (si vous avez des exemples du contraire ça me passionne) comme une masse compacte… un fil interminable enroulé sur lui-même. Les sous-titres, les lettres en corps gras sont des éléments issus de la typographie des magazines et des journaux soucieux d’aider leurs lecteurs (le problème est le même sur le papier qui est pourtant plus facile à lire). Je voudrais voir plus souvent apparaître la structure des articles en ligne. Pouvoir choisir la section qui m’intéresse au détriment de celles qui n’ont pas grand chose à m’apporter. LeMonde.fr le fait dans certains dossiers spéciaux accessibles, en tous cas aux abonnés. Univision.com (pour qui j’ai travaillé comme consultant dans ce domaine) le fait de façon systématique pour ses articles d’actualité.

Je suis très convaincu de ce que j’avance pour ce qui est de l’information. Mais j’hésite en ce qui concerne l’art.

Romans sous forme d’hypertexte (même avant la lettre comme Marelle de Cortazar), films interactifs, les expériences ne manquent pas. Elles sont respectables mais n’ont pas encore convaincu. Les histoires que nous contons ne sont-elles pas ce qui nous permet de donner sens aux mondes?

Faut-il écrire différemment le récit « artistique » et le récit « informationnel »? Je ne sais pas.

Qu’en dites-vous?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...