Il n’y a pas de modèle de smart city parce que toutes puisent dans leur histoire, leur géographie, leurs multiples spécificités. C’est déjà vrai pour un pays, mais c’est encore plus vrai quand on essaye de comparer au niveau mondial.
Cela n’empêche pas les classements de se multiplier. Et comme le terme « smart city » est loin de faire l’unanimité (ce que montre fort bien l’article de Jean-Pierre Gonguet) au début de ce numéro, nous avons affaire à une multitude de termes qui tous essayent d’évoquer de meilleures villes en mettant l’accent sur des dimensions différentes.
Voici quelques exemples :
- En 2009, la revue Forbes, en privilégiant le dynamisme économique, donnait la palme à Singapour « héritière de la Venise du 15ème siècle ».
- En 2012, dans une recherche pour Fast Co-Exist, Boyd Cohen, expert en la matière, mettait en tête Vienne, Toronto, Paris, New York et Londres. Hong Kong était neuvième, devant Barcelone.
- En 2014, l’IESE – école de commerce espagnole – prend en compte « le plus haut niveau d’innovation, la durabilité et la qualité de la vie » et l’applique à 135 villes dans 55 pays. Les cinq premières sont : Tokyo, Londres, New York, Zurich et Paris. Bâle est en septième position, immédiatement suivie par Osaka.
- L’Université de Sheffield, en Grande Bretagne, a son propre calcul pour mesurer les villes qui utilisent le mieux la communication par téléphone mobile. En tête on trouve Barcelone, Dubaï, Shanghai, Singapour et Hong Kong.
- Traveler, une publication du National Geographic, sélectionne « les lieux, les gens, les tendances et les idées » des 50 villes « les plus excitantes ». San Francisco qui « fait rêver » devance Paris où il fait bon « se promener à vélo », Mumbai, Rome et… Paducah, dans le Kentucky (peu) connue pour son artisanat.
- Parmi les villes les plus résilientes (« celles qui font la transition vers une économie sobre en carbone tout en se préparant à faire face aux pires changements climatiques »), Boyd Cohen classe (par ordre décroissant) : Copenhague, Curitiba (Brésil), Barcelone, Stockholm et Vancouver.
- Le think-tank Forum des Communautés Intelligentes (un meilleur terme que celui de « ville » qui ne correspond jamais à l’ensemble réel dans lequel vivent les gens) vient d’annoncer la liste des 25 candidates au titre 2015. On y trouve Nairobi, Astana au Khazakstan, Rio de Janeiro et Whanganui en Nouvelle Zélande. Les villes primées ces dernières années ont été Toronto en 2014, Taichung (Taiwan) en 2013, Riverside (Californie) en 2012 et Eindhoven aux Pays Bas en 2011. A Séoul, le district de Gangnam au style inimitable était lauréat en 2008.
Si les classements abondent, les critères et les méthodes divergent et donc, les résultats diffèrent. Même le Smart Cities Council, qui regroupe IBM, Cisco, Schneider Electrics et leurs pas si petites sœurs, s’est vue obligée dans sa liste – les « Best of the Best » – de retenir plusieurs classements (dont certains mentionnés ici) sans choisir.
Tout le problème tient à « l’absence d’étalon de mesure et au fait que personne n’est vraiment d’accord sur ce qu’est une ville intelligente, » rappellent les chercheurs de Sheffield.
Deux pistes, pourtant, semblent intéressantes et méritent qu’on s’y arrête :
- A Genève l’ISO vient d’adopter la recommandation 37120:2014 qui définit une série « d’indicateurs standardisés » qui vont de la gestion des déchets à la finance en passant par la santé, le transport, l’énergie et les loisirs, sans oublier la gouvernance.
- Le City Protocol (une « communauté globale de villes, d’entreprises, d’universités et d’organisations sans but lucratif ») s’est donné pour objectif de créer un internet des villes, c’est à dire une série de standards ouverts pour faciliter l’échange d’expériences et le développement intelligent… des villes.
Et si vous voulez connaître le QI de votre ville – sans attendre qu’on la prenne en compte, ou, quel que soit le rang qu’on lui donne – vous pouvez essayer la méthode utilisée par Boyd Cohen et son équipe venue d’un peu partout dans le monde.
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Crédit photo : Lennart Tange/Flickr/CC