Article publié dans le supplément Science&Techno du Monde daté du 22 octobre 2011La technologie qu’on utilise compte moins que le problème qu’on résout, ou le service qu’on offre. Tous mes interlocuteurs africains sont d’accord là-dessus. L’exemple le plus frappant en est sans doute l’usage systématique et extrêmement inventif qu’ils font des SMS, ces courts messages écrits que presque tous les téléphones du monde peuvent envoyer et recevoir.L’idée générale consiste à faire bénéficier des services les plus avancés normalement offerts par le web ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir un smartphone. Une idée dont on commence à s’inspirer même dans les pays développés.Voici trois cas pris au Sénégal, au Ghana et au Kenya, trois pays dans lesquels la pénétration de la téléphonie mobile est encore loin des 100 pour cent alors que le nombre de smartphones se comptent par milliers plutôt que par millions.Au Sénégal, Manobi offre des services géolocalisés pour les producteurs de cacao aussi bien que pour les services d’eau. « Il est presque impossible d’accéder à l’internet en zone rurale, » explique Emmanuel Bocquet, responsable technique de la société, « mais les SMS passent partout. » Il suffit pour cela d’assurer l’interface entre les téléphones et les bases de données. Mais une fois le système mis en place, il permet l’échange d’informations. « Si une pompe à eau fournie par l’UNICEF est en panne, quelqu’un envoie un SMS à la base de données de Manobi qui avertit aussitôt un spécialiste, » explique Bocquet.La technologie de NandiMobile, une entreprise ghanéenne, permet aux compagnies de savoir ce que pensent leurs clients et de communiquer avec eux. « Elle connecte les questions posées par les utilisateurs aux réponses données ou enregistrées. Elle apprend peu à peu à répondre toute seule, » explique Edward Tagoe, responsable du business et du développement.Ça permet aux entreprises d’être aussi attentives à ce que disent leurs clients que les plus sensibles de leurs semblables étatsuniennes ou européennes. NandiMobile a reçu le prix « Best Business » à la conférence Launch qui s’est tenue à San Francisco en février de cette année.A Nairobi, m-farm permet aux fermiers de s’informer sur le prix des produits qu’ils ont à vendre aussi bien sur le marché local que sur les autres places du pays. « Le fermier envoie un SMS au code 3535 avec le produit et la location qui l’intéressent et en moins de 10 secondes il a le prix demandé, ce qui lui permet de choisir où vendre, » explique Linda Kwamboka, co-fondatrice de m-farm (voir winch5.blog.lemonde.fr).Un SMS disant par exemple: prix, choux, Embu (une ville) obtient le prix d’un sac normal de 126kg à Embu. Mais s’il tape ensuite: prix, choux, Nairobi il saura s’il lui convient d’aller vendre dans la capitale. Les deux autres modules permettent « d’acheter ensemble » ou de « vendre ensemble », toujours par SMS.Il n’y a pas qu’en Afrique.Ainsi dotgo.com vient-elle de se lancer sur la même brèche mais, aux États-Unis.  Envoyer un SMS au New York times permet de recevoir les titres de la section de son choix. La même opération avec les chemins de fer du New Jersey fournit les horaires des prochains trains. Cela semble même être la meilleure façon de s’enregistrer sur FourSquare quand on arrive dans un endroit. Les propriétaires de smartphone obtiennent des réponses plus rapidement grâce aux SMS et les autres ont ainsi l’interactivité sans le coût des appareils hauts de gamme et des plans hors de prix. Pour FourSquare ça double de manière instantanée la base des utilisateurs potentiels.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...