denisecarusosupernova07-flickr-danfarber.1186554881.jpg Pas de ruine de l’âme au SciFoo organisé par O’Reilly dans les locaux de Google, le week-end dernier (voir ce billet et celui-ci ). La science s’y concevait avec conscience et les participants ont abordé en plusieurs occasions certains des dangers qu’ils hésitent souvent à reconnaître, en public du moins.

Le lendemain de la discussion sur le biohacking (voir ce billet ) une bonne partie de la même audience s’est réunie pour aborder la question délicate des risques associés à l’innovation technologique.

La difficulté, pour Denise Caruso, auteur d’Intervention , un livre sur les risques de l’engineering génétique, c’est de gérer les incertitudes.

Les scientifiques exigent des « évidences ». C’est comme ça qu’ils fonctionnent. Mais, dit-elle, « il n’y a pas que les évidences qui comptent ».

« Qu’est-ce que ça veut dire? » a alors protesté un des participants. Qu’il faut intégrer dans l’analyse la façon dont les gens se servent de la technologie parce que les choses se déroulent rarement de la même façon en labo et dans le monde réel. Et l’évaluation des probabilités est impossible à mener sérieusement quand on parle, par hypothèse, de situations qui ne se sont jamais données.

Caruso a plusieurs méthodes en tête qui consistent pour l’essentiel à consulter tous les experts susceptibles d’avoir une connaissance fût-elle partiale du problème et à organiser des discussions avec toutes les parties prenantes (stakeholders). Le recours aux scénarios doublés d’analyse décisionnelle et de modélisation peut être utile, bien sûr.

Elle demande que la recherche sur les risques fassent partie des programmes tournées vers la découverte scientifique. Pas pour arrêter le progrès mais pour protéger les gens. Les scientifiques ne sont pas toujours prêts et le choc culturel peut être sérieux.

Caruso précise bien qu’elle ne parle pas de « science citoyenne ». « Nous devons trouver les bons experts » explique-t-elle et engager « un véritable échange d’information accompagné d’un vrai travail interdisciplinaire ». Mais, débattre en public des incertitudes liées à l’innovation technologique, reconnaît-elle, ne peut que contribuer à revigorer nos pratiques démocratiques.

Je terminerai cette série demain.

[Photo de Denise Caruso prise par Dan Farber pendant la conférence SuperNova en juin dernier]

[MaJ – Vous pouvez trouver les 6 billets de cette série sur SciFoo07 en cliquant ici ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...