OtravistacolonelfagagaBaptiste Lignel,mon neveu – vous voyez d’ici le parti pris – m’a vraiment surpris en organisantet en gérant, mobile en main, un reportage dans la rébellion des Touaregs duMali. De mon temps… (soupir).

Photographeintéressé par le sujet, il est d’abord alerté sur la tension montante par unecollègue qui lui file quelques dépêches (ça sert encore ces trucs-là). Il sauteaussitôt sur son portable et envoie un SMS à son contact dans la région. Laconfirmation est presque instantanée. Il demande s’il peut venir. En moins de24 h, le colonel Hassan Fagaga, chef militaire des insurgés, lui dit qu’il estle bienvenu.

Tout ça par SMS.Il peut en envoyer ou en recevoir à tout moment en passant soit par untéléphone satellite que possède les insurgés soit par son contact dans la villede Kidal où le réseau cellulaire fonctionne. (Passons sur les problèmes de sécuritéque ça pose.)

Voici une partiedu courriel où il explique comment ça marche:

« Sur place (et surles photos), mon contact a souvent les deux téléphones. Il les utilise enfonction du coût des messages et des interlocuteurs.

Au sein de larébellion.

Les deuxofficiers, ainsi que les « chefs de groupe », en ont chacun un. Demême que chaque groupe de sentinelles qui sont postés sur les hauteurs autourdes campements (relevés une fois par semaine). « C’est plus cher, maisc’est plus pratique que les coups de feu » me dit le Capitaine Agfaki.

Le téléphonesatellite sert donc pour prévenir en cas d’attaque. Et bien sur de pont entrela montagne et le reste du monde.

Exemplemarrant : coup de téléphone de mon contact à la responsable Afrique de RFIà Paris, suite à la fausse information du retour en caserne du Colonel. Ilfinit par lui dire « pourquoi vous ne l’avez pas appelé pour avoir lesinformations en provenance de l’intéressé lui-même ». Donc l’accès directest possible par le biais du téléphone satellite.

Depuis monretour, je reçois pratiquement un sms par jour, me tenant au courant desévolutions de la situation, notamment au moment de l’offensive du 23 mai surKidali et Menaka. »

Quelques joursplus tard, il m’envoie un nouveau mèl avec ces mots:

« Tu vas pas lecroire : je viens de recevoir un coup de tél (satellite) de Fagaga, pourme demander de bien vouloir donner certaines de mes photos à l’un de ses garsqui vient à paris, pour faire… un site web !

Il m’a aussidonné son adresse web qu’il a mise en place dans les cailloux…

C’est lemarketing de la rébellion… »

J’oubliais de signalerque Baptiste a pu tenir sa famille au courant presque chaque jour pendant latotalité de son reportage. Toujours par SMS.

Je vous ledisais… de mon temps c’était pas comme ça. On passait des semaines sans pouvoirdonner signe de vie, ni envoyer des papiers. C’était pas mieux.

Explications de Baptiste sur ses photos:

« Voici troisphotos : l’une du colonel Fagaga regardant une vidéo sur le portable decelui qui m’a conduit au camp. La seconde un des « soldats » quicherche à capter hors de la voiture, sur la route entre Kidal et le campement.La troisième, mon contact qui jongle entre son cellulaire et son satellite pourorganiser mon départ pour le campement. »

Plus de photossur Otra-Vista: ici et ici.

 

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...