Dans son livre The Search, John Battelle montre comment Google (et les autres moteurs de recherche) peuvent sans peine savoir ce que nous avons en tête. C’est ce qu’il appelle, comme je l’ai montré hier, « la base de données des intentions ».
La puissance économique de la compagnie vient du fait qu’elle a trouvé le moyen de monétiser cette connaissance grâce à AdWord puis AdSense. La première permet de placer sur le site même de Google des annonces peu agressives correspondant à la question posée. La seconde fournit des annonces contextuelles en rapport avec le contenu des sites qui l’adoptent.
Telle est la base de ce que Battelle appelle « L’économie de la recherche (Search Economy) ». La capacité de comprendre nos intentions donne en fait lieu à une véritable révolution dans le marketing qui se déplace « de l’inconnu au connaissable ». Mieux encore, et la phrase vient d’un des dirigeants de Yahoo: « Nous concevons le shopping, comme une application de la recherche » [sur un moteur du même nom].
Cette connaissance de nos centres d’intérêts, de nos intentions peut faire courir des risques à notre vie privée. Battelle les aborde honnêtement. La difficulté réside dans le fait que la bonne volonté des fondateurs n’est pas nécessairement en cause. Elles peuvent être emportées par les réalités politiques du monde réel telles que les pratiques du gouvernement chinois ou le Patriot Act du gouvernement américain.
Le vertige
En dernière instance, Battelle est fasciné et il le dit volontiers, par le succès de cette société et donc par sa taille. La valeur de Google frôlait les 90 milliards de dollars lors de son septième anniversaire (26 septembre). C’est plus que les autres géants du web (Yahoo, eBay ou Amazon) mais moins encore que Microsoft ou Intel.
Et ça n’est pas fini. La mission de la compagnie est « d’organiser l’information du monde et de la rendre universellement accessible et utile. » Grâce à son infrastructure technologique et à ses ressources financières, elle peut offrir tous les services imaginables liées à la connaissance digitale, université, compagnie de télécommunication mais aussi eBay, Amazon et Microsoft, tout ça en une seule compagnie.
Faut-il donc se méfier de Google comme on le fait de Microsoft? Battelle ne le croît pas et m’a déclaré par courriel « Avec Microsoft nous n’avions pas d’autre choix que de travailler avec leurs outils. Avec Google nous avons plein de choix. Ça veut dire que Google devra lutter pour conserver notre attention et notre loyauté, et c’est une bonne chose. »
La taille de Google donne quand même le vertige. Une des dirigeantes lui a confié avoir parfois l’impression de se trouver sur un pont à sept mille mètres d’altitude. Elle n’ose pas regarder sous elle et elle a peur de penser « à toutes les implications ».
Qu’en dites-vous?