Les commentaires (ils valent vraiment la peine) à ces billets récents sur les « Risques de la surveillance » et « Rien à battre de ces espions à la noix » m’obligent à revenir sur la question de la masse d’informations dont disposent les autorités publiques et les entreprises privées sur chacun d’entre nous. C’est grave et c’est pas la fin du monde.Bifurcationbolivieprou

Prenons trois exemples dont je ne suis pas sûr qu’ils soient seulement hypothétiques :

  • ce que le gouvernement (n’importe lequel) d’aujourd’hui juge acceptable peut être considéré comme dangereux par son successeur. Il suffit de vivre dans le monde post « 9/11 » pour s’en faire une idée. L’opacité protège de moins en moins.
  • le téléphone portable que nous utilisons permettant de savoir où nous sommes, des escrocs peuvent en profiter pour mener un cambriolage sans risque dans un domicile dont ils savent qu’il est momentanément inoccupé. (Je crois que le cas s’est déjà produit mais je n’ai pas retrouvé la référence).
  • Une compagnie d’assurance qui peut se procurer les données sur vos infractions au code de la route, votre goût pour certain Cognac de propriétaire, vos achats (épisodiques) de cigarillos brésiliens, votre dossier médical (y compris l’achat de médicaments), et les données génétiques de votre famille (c’est pour bientôt) alors qu’elle ne trouve aucune dépense indiquant une activité sportive, peut en conclure qu’elle doit augmenter votre police, voir refuser de vous couvrir.

    « Ce qui est grave », estime Guillaume Decître, un ami de Silicon Valley qui a lu cette conversation, « c’est que le coût de traitement des données a chuté de manière verticale. Il y a cinq ou six ans ça coûtait des millions de dollars pour suivre quelqu’un à la trace et réunir toutes ces informations. Aujourd’hui il suffit d’avoir un laptop, une connexion à haut débit et de savoir un peu comment ça marche pour obtenir, en temps réel, une quantité littéralement inimaginable d’informations sur la plupart d’entre nous. Et ça empire tous les jours. »

    Ceci étant dit, je ne crois pas que les technologies de l’information précipitent une catastrophe finale (sinon je ferais autre chose, par simple souci de santé mentale). Je crois même, je crois plutôt, qu’elles représentent des possibilités de changements positifs essentiels (ouverture sur le monde, partage du savoir, distribution du pouvoir, interactivité etc.).

    Chaque nouvelle technologie introduit des bifurcations d’où l’on peut partir dans plusieurs directions. Il est fortement conseillé d’aborder ces accidents de parcours les yeux grands ouverts et les deux mains sur le volant.

    [Photo trouvée sur le Portail des étudiants ingénieurs]

  • J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...