La Silicon Valley de l’Europe ne se trouve ni à Londres ni à Paris (classées seconde et troisième) mais à Munich. C’est ce que révèle une étude commanditée par Bruxelles sur les « Pôles Européens d’Excellence dans le domaine des Technologies de l’information et de la communication ».
En se fondant sur un éventail de mesures de la production, de la R&D et du succès des entreprises, les chercheurs identifient 34 régions « performantes ».
Mis à part les 3 pôles d’excellence signalés plus haut (niveau 1), on trouve 11 régions au niveau 2 et 20 au niveau 3 (au total, 12 allemandes, 7 britanniques, 3 françaises, 3 néerlandaises, 2 belges et une chacune pour la Suède, la Finlande, l’Italie, L’Espagne, L’Irlande et l’Autriche). L’essentiel des innovations technologiques proviennent donc de 34 régions (sur 1303) concentrées dans 12 pays (sur 28). C’est peu.
Pire : seules 11 d’entre elles ont une chance de bien figurer au niveau global. 1126 régions ont de très mauvais scores. 115 n’ont aucune activité dans ce domaine. « L’excellence est rare » concluent les auteurs.
Après le constat, il faut expliquer les succès pour avancer. A quelques exceptions près, ces 34 régions sont le plus souvent concentrées autour des capitales (même si Berlin n’arrive qu’en 15ème position). C’est une simple confirmation de ce qu’on voit à Silicon Valley, Bangalore ou Changzhou. Pouvoir trouver recherche + startups + accès au financement à proximité les uns des autres entraîne une forte dynamique d’innovation.
Connue, la recette est difficile à répliquer. Les raisons du succès des meilleures régions (quelles que soient leurs spécificités) reposent toujours sur une histoire de plusieurs décennies enclenchée à l’ère industrielle. Les régions qui réussissent sont fortement connectées entre elles.
Paris, par exemple, n’est que 49ème en nombre de brevets déposés et 121ème si l’on compte les brevets co-déposés avec d’autres. Mais elle « connectée à 541 des régions ou 71% de celles qui sont présentes dans le réseau […] elle est ainsi directement exposée à la majorité des activités de R&D ayant lieu en n’importe quel endroit, ce qui lui permet de puiser dans des ressources situées dans des régions distantes. » Copenhague tire sa force de ses connections avec les autres villes scandinaves bien positionnées, et avec les Etats-Unis.
Conclusion brutale : la rareté de l’excellence fait qu’il sera difficile d’atteindre l’objectif de Bruxelles qui était la création de 5 nouveaux pôles de valeur mondiale. La plus grande difficulté tient au fait que si ces pôles sont l’objet d’attention locale, voire nationale ils ne figurent pas dans le cadre d’une approche systémique d’ensemble au niveau européen.
Et pourtant, la lutte continue, comme le montre une toute récente étude du cabinet d’étude KPMG qui, selon le magazine Forbes, prévoit une « perte de statut accrue de la position de leader de Silicon Valley. » Le centre d’innovation technologique du monde se déplacera dans les quatre ans vers Shanghai et l’Asie. Quant à l’Europe, heureusement qu’elle a… Tel Aviv.
Crédit photo : Celso flores/Flickr/CC