Invité à faire une présentation sur l’impact de l’innovation sur le journalisme je me suis lancé dans une expérience consistant à tweeter ma propre présentation sans autre support visuel que la page de mon compte Twitter. C’était la semaine dernière dans le cadre du colloque 4M (Montpellier, Méditerranée, Médias, Mutations) organisé par le CFI (Canal France International).C’était sans filet car, le matin encore, je ne savais pas comment faire pour envoyer les tweets à mesure que je parlais et pour qu’ils apparaissent « en temps réel ». C’est Damian Van Achter (@davanac) qui m’a donné le truc au petit déjeuner : l’application Twitter pour Mac (j’utilise HootSuite d’habitude) qui permet de préparer des tweets qui restent sur l’écran et qu’on envoie le moment venu.Premier exercice, extrêmement salutaire : transformer ma présentation en 29 messages d’environ 120 caractères chacun (de façon à ce qu’ils puissent être re-tweetés facilement). Stimulant effort de synthèse. Quant au nombre choisi, il m’est apparu comme le maximum pour une présentation de 25 minutes. (Version Storify de Nicolas Loubet).Mes tweets ont donc été ma présentation et les participants pouvaient les suivre à mesure qu’ils s’affichaient derrière moi grâce à Simon Decreuze (@cuisineanxious) de l’Atelier des médias (RFI) qui veillait à mettre la page à jour au plus vite.Amy O’Leary, du New York Times a fait quelque chose de semblable à Boston… il y a un mois… Mais quand on regarde dans le détail on voit qu’elle a donné des tweets tous faits à des amis qui les ont envoyés à mesure qu’elle parlait.Deux jours après ma présentation la Fundación Nuevo Periodismo Iberoamericano de Cartagène en Colombie (où il m’arrive de donner des ateliers) a mis en ligne une série intitulée « Le journalisme en 15 tweets » de mon collègue espagnol de El País Miguel-Angel Bastenier. Il s’agit en fait d’aphorismes bien vus qui font tous entre 137 et 140 caractères (difficiles à re-tweeter).J’ai trouvé, par ailleurs, des outils pour tweeter les présentations en KeyNote et en PowerPoint. Tout cela remonte à 2009, mais aucun exemple d’intervention exclusivement sous forme de tweets et serais reconnaissant à toute personne en ayant repéré de m’indiquer les liens.Reste à savoir si ça vaut la peine.Côté négatif, tweeter m’a fait bredouiller plusieurs fois. L’ami Eric Scherer (@ericscherer) m’a dit qu’il le regrettait, mais trébucher est inéluctable quand on fait une expérience. La réponse me semble d’essayer encore, en améliorant.Simon a parfaitement résumé les côtés positifs dans son tweet:
Je tiens à préciser sur le second point qu’il ne s’agit pas de « contrôler » (chacun était libre d’en faire ce qu’il voulait) mais d’alimenter par un flux de messages (sous forme de tweets), une approche substantiellement différente.Quant à l’attention elle tenait largement à la surprise… ce qui ne dure qu’un temps. Il y a dans tout cela – je suis le premier à le reconnaître – un côté « gadget » ou, pour être plus précis « gimmick » (astuce pour se faire remarquer). Nous verrons peut-être (sans doute ?) des présentations sous formes de tweets qui commenceront par maintenir l’audience éveillée jusqu’à ce que nous en abusions et que les gens s’en lassent.Un contenu stimulant est indispensable, mais nous ne pouvons ignorer le format qu’il est – après tout – plus facile de changer.Ma première critique aux présentations Power Point a été publiée par El País en 1999. J’ai vu depuis qu’on passait de moins de textes à plus d’images (souvent amusantes, pas toujours signifiantes) et à plus de « story telling » ce qui est une bonne chose pour qui parle sur scène. Je me suis moi même essayé aux présentations sous forme de MindMaps, de cartes conceptuelles en utilisant notamment TheBrain qui s’y prête merveilleusement. L’astuce suprême – et périlleuse – consistant à créer la carte sous les yeux de l’audience qui voit ainsi la pensée se développer tout en gardant une vue d’ensemble. Puis est venue cette tweet-conférence.Je me demande qu’elle pourrait être la modalité suivante et suis curieux de savoir ce que ceci vous inspire, comme critiques et comme idées…
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