Bruno Legendre agit avec une logique implacable dont j’ai parlé dans ma chronique hebdomadaire parue vendredi sur le supplément Science & Techno (pour abonnés) mais que je voudrais faire ressortir encore plus fort en quelques « points » :

• Ingénieur agronome il a vite compris qu’il y a quelque chose qui cloche avec l’aide au développement traditionnelle. En gros elle ne conduit pas les gens qui en « bénéficient » à se prendre en main (mes termes).

• Il a donc créé une entreprise – Performances – ce qui lui interdit de recevoir des subventions (les Français et ceux qu’ils influencent sont comme ça).

• Mais il y a entreprise et entreprise. La sienne a deux caractéristiques majeures:

– Toutes les entités concernées (ceux qui financent et ceux qui reçoivent les services) ont voix égale au conseil d’administration.

– Elle se donne pour tâche de faire des petites choses et pas des grandes, d’installer des petites presses à huile permettant de produire de l’huile de qualité sur place au lieu de laisser aux paysans sénégalais la production agricole et de confier le traitement industriel aux industries lointaines. L’objectif principal est de produire du biocarburant à partir du jatropha, un arbuste originaire des Amériques.

• Faute de subvention (voir plus haut), il a établi un partenariat avec une ONG française qui participe au financement (et a ainsi un siège au CA).

• Il reconnaît le rôle essentiel des TIC sans lesquelles il n’aurait pas trouvé les partenaires avec qui il bosse et sans lesquelles il ne pourrait pas travailler avec eux aujourd’hui (en leur permettant de suivre à distance ses activités sur place).

• Mais il se rend compte que produire de l’énergie encourage la consommation d’électricité qui se fait souvent, chez les plus pauvres, au détriment d’autres postes comme l’éducation. La propagation des mobiles et de la télé qui poussent les jeunes à quitter le pays à la poursuite de rêves venus d’ailleurs. Ce cheminement n’est pas inéluctable si en plus des rêves on reçoit du savoir.

• Alors Legendre s’est lancé dans un programme d’éducation dans les campagnes.

• J’ajoute que pour pouvoir agir librement dans la société civile il a pris la nationalité sénégalaise.

Cohérent et conséquent, non?

[Photo : eutrophication&hypoxia sur Flickr & profil Viadeo de Bruno Legendre]

 

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...