Je viens de passer deux jours époustouflants chez Google, sur une invitation de Tim O’Reilly, dans le cadre du SciFoo, une réunion libre d’environs deux cents scientifiques. La tête me tourne et il va me falloir plusieurs jours pour m’en remettre.
Le format est qu’il n’y en a pas. Nous nous sommes retrouvés le vendredi soir. Dîner (on ne dira jamais assez de bien de la qualité de la bouffe chez Google et de la libéralité avec laquelle elle est distribuée). Puis une courte présentation par O’Reilly et un représentant de Google. Sergei Brin, un des deux fondateurs était dans le fond de la salle.
Au bout d’une quinzaine de minutes nous avons été invités à nous diriger vers un immense tableau quadrillé avec en haut le nom de 14 salles et sur le côté les heures de samedi et de dimanche. Les cases ainsi formées étaient vides et chacun pouvait y mettre le titre d’une présentation ou d’une discussion.
Fabuleuse pochette surprise dans laquelle on trouvait, au bout du compte, des sujets allant des bases de données à la génomique en passant par open science, le bioterrorisme, la « pseudo science vue par un magicien », « La nature du temps et les mathématiques », le futur de la santé publique, comment construire des machines intelligentes, etc., etc., etc..
Et ça marche. Les cases se remplissent toutes seules. Les sujets correspondent aux intérêts réels des participants. Rien n’étant prévu à l’avance (ou très peu) on doit faire plus attention à ce qui s’annonce, aux gens qui sont là. La discussion s’engage facilement. L’absence de structure semble encourager une expression plus libre.
Il y avait beaucoup de Britanniques (la revue scientifique Nature participait à l’organisation), un Espagnol, deux Français, une poigné d’Européens, un Vénézuélien, plusieurs Indiens dont j’ai eu l’impression qu’ils vivaient aux États-Unis ou en Grande Bretagne. Et ça s’arrêtait là.
Le rapport hommes/femmes, par contre était beaucoup plus équilibré que dans les conférences de technologies auxquelles j’ai l’habitude de me rendre et la gamme d’âge était très ouverte. Plusieurs moins de trente ans côtoyaient allègrement Carl Djerassi (84 ans), un des inventeurs de la pilule anticonceptionnelle et le physicien Freeman Dyson (84 ans lui aussi).
J’étais comme un gosse dans un magasin de bonbons beaucoup trop grand pour lui. Imaginez m’a tête qu’en je me suis rendu compte que je venais de m’asseoir à côté d’Alph Bingham créateur de Innocentive (dont j’ai parlé il y a quelques jours ) ou quand le grand type en short à qui je venais de demander quel était cet étrange et séduisant laptop ultraplat sur lequel il prenait des notes m’a répondu: « Oh c’est un Foleo. Je suis un des fondateurs de Palm et nous allons le lancer sur le marché très bientôt ». Moi qui rêve de l’essayer (voir ce billet ). C’est moins de les rencontrer qui compte que d’avoir eu la possibilité de leur poser les questions que j’ai sur le bout des lèvres et d’obtenir leurs réponses en direct.
Mais c’est aussi un vrai défi pour le journaliste qui se trouve dans une situation qui le dépasse. Je ne sais pas si nous parlons de ça assez souvent.
J’ai eu du mal à comprendre une bonne partie de ce qui se disait. Plus d’une fois j’ai enragé d’être un généraliste qui grappille un peu dans toutes les directions et qui ne connaît pas grand-chose en profondeur. Mes questions, mes quelques interventions me paraissaient insuffisantes quand elles n’étaient pas à côté de la plaque. C’est d’autant plus pesant qu’il y a toujours la lancinante peur de ne pas savoir faire justice dans le comte rendu à la qualité de l’évènement. Mais je n’aurais cédé ma place à personne.
J’y reviens tout de suite…
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