La discussion sur blogueurs, journalistes et « journalistes-citoyens » bat son plein aux États-unis avec notamment un texte de Dan Gillmor intitulé « La fin de l’objectivité » et un billet de Mary Hodder sur « Objectivité vs. équité dans les médias d’information« .

Je voudrais aborder le problème d’un point de vue très limité (pour commencer): quelle différence est-ce que je ressens quand j’écris un billet (pour un blog) et quand je rédige un article (pour un journal)?

Je n’engage que moi

La plus évidente c’est que personne ne relit mon billet avant que je ne le poste. Il n’y a pas de correction (et ça se voit), de secrétaire de rédaction, de vérification des faits, de censure, etc. Personne ne lit par-dessus mon épaule. Je n’engage que moi. Ce qui me donne plus de liberté pour, éventuellement, dire des choses dans un billet que je ne dirais pas dans un article.

Je ne suis pas seul à ressentir cela et les exemples de conflits abondent entre journalistes blogueurs et les médias qui les emploient. Vous en trouverez quelques uns dans cet article de Wired News qui note qu’en cas de tension c’est en général le blog qui souffre car c’est l’article qui est payé.

Pas de tension dans mon cas, pas de salaire non plus, puisque je ne suis pas employé du journal Le Monde, ni du site qui héberge ce blog.

Reste donc la liberté. Prendre des risques

Ça n’est pas seulement une question d’opinion. Il est naturel, voir recommandé, de s’aventurer, de prendre des risques. L’exigence de rigueur n’est pas la même (mais trop d’erreurs et de contrevérités seront sanctionnées… par les lecteurs).

Si vous regardez de près, la plupart des billets sur la plupart des blogs de journalistes ne contiennent pas d’information directe, d’interview exclusive, de point de vue balancés entre un camp et l’autre quel que soit le sujet en question. Ils signalent des articles écrits par d’autres, des conversations, donnent des opinions ou des sentiments. Ils avancent des hypothèses, ouvrent des perspectives.Question de ton

Mais peut-être aurais-je du commencer par le début: tout le monde semble d’accord pour dire que le ton d’un blog ne peut pas, ne doit pas, être celui d’un article. Le style est plus parlé, moins écrit. Tout est là.Le billet cherche, amuse, provoque, intrigue alors que l’article informe.

Sa plus grande valeur est qu’il sert à engager la discussion entre le blogueur et ses lecteurs mais aussi entre ces derniers comme vous le faites si bien.

Nous apprenons ainsi à ne pas monopoliser le micro, et vous à le prendre et à vous le passer.

Ça change… n’est-ce pas?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...