Par Natacha Quester-Séméon et Quitterie Delmas
Fallait-il que la victime de cette affaire soit une femme, pour qu’enfin soit lancé un débat sur plusieurs maux dont souffrent aujourd’hui les blogosphères de tous types et de tous pays ? On peut être amené à le penser, car les comportements plutôt masculins et « musclés » sont devenus la presque règle tacite dans les débats en ligne.
Toutes le blogueuses actives connaissent des difficultés similaires.
Il semble normal que le poids croissant de l’internet et son audience fassent se poser des questions sur les pratiques et l’éthique des blogueurs eux-mêmes. C’est à cela qu’on voulu répondre deux figures du web en proposant un Code de Conduite .
La proposition de Tim O’Reilly et de Jimmy Wales rejoint dans les grandes lignes la démarche Néthique initiée en France par les Humains Associés en février 2006. Dans les deux cas, il s’agit de faire la différence entre le fait de participer de façon constructive à un débat contradictoire, et celui d’intervenir par l’insulte, le racisme, les menaces.
Dans ce débat, se joue donc peut-être, le potentiel démocratique de la blogosphère.
La levée de boucliers contre ce « Code » – qui a brisé l’omerta du « j’ai de droit de tout dire et tout faire » – se comprend dans le pays où la liberté d’expression est inscrite dans le premier amendement de la constitution.
En France, les modérateurs de forums et d’espace conversationnel connaissent bien les problèmes récurrents qui se posent à eux et la responsabilité qui leur incombe vis-à-vis de la communauté et de la loi.
L’une des particularités des blogs est leur aspect résolument personnel, voire intime. Les commentaires en sont la zone « chaude et sensible.
Il y aura sans doute plusieurs Codes de conduite ou Chartes néthique qui vont foisonner et être proposées au débat contradictoire avant qu’un consensus solide se forme autour d’une charte universelle issue du travail collaboratif.
Ces principes ne s’appliquent qu’à soi-même. Ce n’est pas en rien une imposition, mais une proposition pour les blogueurs qui partagent des principes et ont une certaine vision de l’éthique, de la moralité et de la déontologie. Ça pourrait être une façon de revisiter la civilité et de constituer les prémisses d’une éducation aux nouveaux médias.
Une autorégulation serait une solution pour nous éviter que les gouvernements ne tentent de mettre de l’ordre sur l’internet.
Les blogueurs qui compteront demain seront ceux qui auront su comment tisser des liens de confiance, se fonder une réputation et devenir des auteurs à part entière, avec les responsabilités que cela implique.
Natacha Quester-Séméon et Quitterie Delmas travaillent ensemble en faveur de l’adoption d’une charte Néthique .