Le livre de Jarvis sur les leçons que nous pouvons tous tirer de Google (voir ce billet et celui-ci ) aide à comprendre certains des changements essentiels que nous vivons. C’est son grand mérite.

Son problème est qu’il arrive tard.

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Les conseils qu’il donne sont toujours utiles mais la perception que nous avons de Google est en train de changer. Et, du coup, son ton commence à sonner faux.

La taille de Google, la puissance contenue dans son infrastructure (ce avec quoi personne ne peut espérer rivaliser pendant un bon moment), l’extension de ses sphères d’action et même certaines de ses pratiques commencent à susciter de sérieuses critiques (telles que la sortie récente du patron de l’Associated Press contre Google News).

Le scepticisme gagne du terrain et Jarvis n’en parle pas.

Il dit bien que « le problème n’est pas que Google soit un monopole mais qu’il est devenu le marché ». Jolie formule, un tantinet légère.

Il explique aussi que « “Don’t be evil” is good business (« Ne pas être mauvais » – la devise de l’entreprise – est une bon principe en affaires » pour préciser aussitôt qu’il s’agit d’une règle subtilement calculée : « quand les gens peuvent parler avec, de et autour de toi, les baiser (screwing them) n’est plus une bonne stratégie d’affaires ».

Trop court. L’absence de doutes de fond, ce ton toujours admiratif et élogieux, finit par lasser.

Il est important de se demander « Que ferait Google ? » pour s’inspirer des actions qui ont conduit cette société au summum du pouvoir économique (et pas seulement). Il ne l’est pas moins de se demander « Mais que fait donc Google ? » en ce moment qui fait qu’elle commence à être perçue par tant de gens et d’entreprises comme une menace ?

Je continue, pour ma part, à penser que les critiques des journaux, par exemple, sont plutôt des conneries qu’autre chose ; que les fondateurs ne sont pas des mauvais bougres (Bill Gates non plus si on réfléchît bien) et qu’ils croient plutôt en la devise qu’ils se sont choisie; que la plupart des hommes et femmes d’affaires, des dirigeants auraient intérêt à comprendre ce que Google a compris de la technologie, de l’économie et du monde d’aujourd’hui ; que Google fait plein de choses profondément utiles et intelligentes ; mais je crois aussi qu’elle est devenue trop grosse, qu’elle est rentrée dans une logique de puissance qui lui fait accorder moins d’importance à d’autres considérations (chères à son cœur sans doute) et que nous devons faire sentir notre inquiétude. Protester quand il le faut.

Google vit du contenu généré par les usagers. C’est sa grandeur, sa force et sa faiblesse dès qu’il s’agit d’affrontement. Facebook (le Google de demain) l’a bien compris : toute société qui vit de ce que produisent les gens ne peut pas s’opposer à ce que pensent les gens, à ce qu’ils manifestent.

Alors, exemple ou menace ?  C’est quoi Google pour vous ? Et comment voyez-vous notre pouvoir de l’influencer.

[Photoo Flickr de rustybrick ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...