J’écris ce billet plusieurs heures après avoir raccroché mon casque sur un coin de mon ordinateur, geste qui marquait la fin de notre expérience de Skypecast.
Pourtant, je suis encore tout excité.
L’adrénaline due au bordel auquel il a fallu faire face au début y est pour quelque chose. J’attendais une quinzaine de participants et j’en avais 35… incapables de communiquer. La crise. Il fallait résoudre un problème technologique, comprendre ce qui tenait à l’erreur ou aux limites de la techniques utilisées. J’avais peur d’être largué. Et, en même temps, il y avait la conversation, les conversations puisque l’une d’elle était orale et l’autre écrite sur le chat.
Le sentiment de réussite relative à mesure qu’émergeait la discussion est encore plus stimulante. Ça valait la peine. Et comme on recommencera (avec la ferme intention de faire mieux), il y a, là encore, de quoi être chahuté.
Ça n’est pas ce qui compte le plus.
Ce moment illustre pourquoi je crois que ces technologies de l’information et de la communication sont en train de changer notre vie.
J’étais vraiment ému d’entendre Adrien donner, avec passion et clarté, des explications qui faisaient sens. J’ai bondi de joie en entendant la vois féminine (la seule) de ti_bolo nous expliquer pourquoi les développeurs étaient réticents. J’étais aux anges quand un participant (dont je suis désolé de ne pas avoir retenu le nom) a demandé une explication simple de ce qu’est Web 2.0.
Plus au fond, c’est toute mon expérience professionnelle qui « vibre ».
Ça fait bientôt 40 ans que j’ai fait mes premiers pas de journaliste. A Saigon durant l’offensive du Têt, puis à Prague après l’intervention soviétique. Écrivant toujours sur/depuis « l’étranger » j’ai eu ma dose de guerres, révolutions, élections et autres situations passionnantes, merveilleuses ou totalement dégueulasses. C’est comme ça qu’on devient sceptique.
J’ai commencé parce que je suis curieux. Puis je me suis passionné pour la difficulté d’expliquer, de traduire, d’introduire, de « rapporter ». C’est souvent aussi difficile que raconter la neige à qui ne la connaît pas. J’y voyais le sens de mon métier.
Et puis ça bouge.
Couvrant depuis dix ans les technologies de l’information, j’ai adopté la formule de Dan Gillmor qui nous invite à passer au « journalisme de conversation » dans lequel tous participent puisque l’audience en sait toujours plus que celui qui écrit, ou qui parle.
Mais ça avance peu. Même dans le fait de bloguer, dont je dis des merveilles, l’échange est essentiellement à sens unique.
Plus je blogue, plus j’ai envie de conversation.
C’est pour ça que j’ai sauté sur cette formule de Skypecast sans vraiment savoir pourquoi. Il était urgent d’essayer.
Pendant la demi-heure où notre échange a fonctionné nous avons eu un avant goût de ce que veut dire partager connaissances et interrogations.
Nous n’avons pas fait l’expérience de l’intelligence collective qui intrigue Stéphane (et moi aussi) mais nous avons pu voir une des circonstances d’où elle peut surgir… sans se connaître, ni être dans un même lieu. Il faut se trouver, puis s’ouvrir, participer.
Nous ne sommes pas une « communauté » (mot galvaudé sur l’internet). Mais nous avons trouvé un espace d’échanges et nous avons goûté de ce que l’un d’entre vous appelle dans un commentaire tout récent « le participatif ».
Je rempile.
Est-ce que je délire?