Le graphe social dont nous parlons tous depuis que Facebook est à la mode est tellement important, tellement évident que Tim Berners-Lee suggère aujourd’hui que nous sommes en train de passer du World Wide Web, qu’il a inventé, au Giant Global Graph, le Graphe Global Géant ou GGG.
Mais il prend une position différente à celle de Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook pour qui le social graph c’est « l’ensemble des relations de toutes les personnes dans le monde » (voir ce billet ).
Il explique que l’internet reliait des ordinateurs entre eux. Il permettait de voir les ordinateurs sans s’attarder à regarder les câbles. « Obvious, really » écrit-il.
Avec le web nous nous sommes rendus compte que ça n’étaient pas les ordinateurs mais les documents qui étaient intéressants. Tout aussi « obvious, really ».
Donc: « Le net relie des ordinateurs, le web relie des documents. »
Nous en sommes à la troisième étape et nous nous rendons compte que « ce ne sont pas les documents qui comptent mais ce dont ils traitent ». « Obvious, really ».
Pour Berners-Lee il ne fait aucun doute que « ce ne sont pas les sites de social networking qui sont intéressants – c’est le Social Network lui-même. La façon dont je suis connecté, pas la façon dont mes pages web sont connectées. Nous pouvons utiliser le mot « graphe » maintenant pour le distinguer du Web ». Il a lui-même appelé cela le Semantic Web, mais revient sur ses pas sans remettre en question la proposition antérieure.
« Si seulement nous pouvions exprimer ces relations, telles que le graphe social, d’une façon qui se situe au dessus du niveau des documents, alors nous pourrions les ré-utiliser » ailleurs, sur tous les sites intéressés.
En fait Berners-Lee nous propose un standard ouvert et portable d’un site à l’autre (reconnaissable par tous) pour représenter les relations entre les gens. Chacun doit perdre un peu de contrôle mais les bénéfices pour tous sont considérables.
Il nous invite surtout à regarder à un autre niveau que celui auquel nous sommes habitués: « Penser en termes de graphe plutôt que de web est essentiel si nous voulons tirer le meilleur parti possible du web mobile, du zoo d’appareils sauvagement différents qui nous permettront d’accéder au système. »
Il illustre son propos en disant que quand il réserve une place dans un avion, c’est le vol en question qui l’intéresse et pas la page sur laquelle on trouve le vol, ni celle de la compagnie d’aviation. Nous plongeons en fait vers toujours plus de « granularité » comme on dit en anglais, vers des informations de plus en plus fines, mais identifiables de façons uniques et toujours situées dans un réseau de relations tissé par ce que nous en faisons. C’est ça qui compte.
C’est peut-être ça le GGG: la granularité connectée.
Je ne sais pas si c’est aussi évident qu’il le dit. Mais cela mérite certainement réflexion. Les quelques lignes de ce billet sont une première tentative pour synthétiser un texte plein d’implications complexes qui va faire couler énormément d’encre et entraîner beaucoup de discussions.
Lisez-le. Dites-nous ce que vous en pensez. Essayons de le bien comprendre ensemble.
Si vous voulez en savoir plus sur le « Giant Global Graph » cliquez sur ce lien qui conduit à tous les documents contenant ce terme recensés par Google. Il y en a 22 au moment où je poste ce billet (1h le 23 novembre au matin, heure de Californie). Ça pourrait bien faire boule de neige.
[Mise à jour: 20h plus tard plus de 11.000 pages mentionnent le GGG.]
[MaJ le 25-11: 48h plus tard, le nombre de pages mentionnant le GGG est passé à 60.000]