Les consommateurs pourront bientôt acquérir des laptops équipés avec Centrino, la nouvelle plate-forme d’Intel qui réunit traitement de données et communication. Il s’agit d’un combiné comprenant un microprocesseur, un jeu de chips pour exécuter différentes fonctions essentielles et une radio 802.11 plus connue sous le nom de Wi-Fi. C’est la première fois qu’Intel sort deux technologies sous un même nom. Le pari est d’autant plus intéressante qu’il s’intègre dans une ambitieuse stratégie d’ensemble visant à repositionner Intel et, au bout du compte, la façon dont nous communiquons.
San José, Californie, 24.fév.03
Pour nous expliquer la démarche, Mike Trainor, un des responsables du projet, (il est Mobility Enabling Manager à Intel), a commencé par préciser que pour son équipe, « le vrai PC », l’ordinateur vraiment personnel, c’est le note book, le portable qui ne dépasse pas de beaucoup la taille d’un cahier. Mais « le prochain catalyseur, c’est le wireless ». Toute la démarche ayant aboutie à Centrino part de l’idée qu’il y aura bientôt des millions d’usagers (certaines études disent 30 millions en 2006) connectés en permanence et de n’importe où au réseau grâce à un note book équi-pé Intel.
L’architecture spéciale de Centrino
Au point de vue technique, il a fallu concevoir une « architecture spéciale ». La con-sommation de chaleur par les microprocesseurs oblige à installer des dispositifs pour les refroidir qui empêchent de mettre sur le marché des portables encore plus légers. Pour tourner l’obstacle, Intel a décidé d’inverser sa priorité traditionnelle et de privilégier le faible dégagement de chaleur plutôt que la puissance du micropro-cesseur. Au bout du compte, Trainor affirme que ses ingénieurs ont découvert que cela n’était pas nécessairement contradictoire avec la puissance. Mais il semble avoir quelques difficultés à convaincre un public habitué à penser essentiellement en termes de puissance accrue.
Ils ont ensuite ajouté un module de communication 802.11 tout en s’efforçant de ré-duire au maximum la consommation d’énergie et donc allonger le temps d’utilisa-tion sans rechargement des batteries. Le résultat est Centrino et les nouveaux por-tables devraient en être équipés dès la fin de ce trimestre.
Sean Maloney, chef du Communication Group rappelle qu’Intel a démarré comme fabricant de puces. Elle est aujourd’hui perçue comme une société de PC. « Mais ajoute-t-il, depuis 1992 [naissance de la toile] le PC est devenu un appareil de communication. » Il fallait s’adapter.
Wi-Fi est « absolument révolutionnaire »
Le déclic est Wi-Fi une technologie de communication locale sans fil que Maloney qualifie de « absolument révolutionnaire » dans le sens où elle entraînera des chan-gements aussi importants que le microprocesseur en 1972 ou le navigateur en 1992. « Je n’ai jamais vu une acceptation aussi universelle » ajoute-t-il. « Comme toujours, ce sont les usagers de base qui ont attiré l’attention sur la technologie en l’adoptant » reconnaît-il, alors que son décollage est du au fait que « tous les fabri-cants se sont mis d’accord sur un standard ».
Intel a ouvert un fond de 150 millions de dollars pour investir dans des entreprises travaillant sur Wi-Fi partout dans le monde. Le premier bénéficiaire a été Cometa Networks qui projette d’installer 20.000 points d’accès dans les principales villes américaines.
« Intel, l’entreprise qu’on identifie aux PC est maintenant une entreprise de communi-cation » nous a déclaré Maloney. Le pari c’est que nous nous connecterons au ré-seau au moyen d’un ordinateur portable avec « Intel inside ». « La toile est culturelle-ment essentielle aujourd’hui et on y accède au moyen d’un PC. Le PC est presque religieusement perçu comme l’appareil de la toile et il est extrêmement difficile de le déplacer. Les téléphones portables ne conviennent pas vraiment. » Centrino est là pour permettre de rendre les PC plus légers et donc plus utiles, pour s’assurer qu’ils sont un meilleur appareil que les téléphones cellulaires et autres PDA.
Mais le futur de l’informatique digéré par les usagers peut révéler des surprises. Ma-loney se dit agnostique et son département travaille sur tous les appareils suscepti-bles d’occuper cet espace. La différence c’est que l’entreprise pour laquelle il travai-lle a un rôle presque hégémonique dans le domaine des PC, pas dans les autres.