Par Dominique Piotet

Je suis l’autre larron qui s’est attelé avec Francis à l’écriture d’un livre sur web 2.0. A lire vos commentaires à l’annonce du bouquin (voir ce billet), je vois que le sujet suscite appétit et curiosité. Chouette. J’espère que cela va continuer.

Pour commencer à vous livrer le fruit de nos réflexions, il m’a semblé utile de vous parler de notre rencontre avec Tim O’Reilly la semaine dernière, et de revenir sur une question que nous lui avons posé : faut-il définir web 2.0 ?

Tim O’Reilly est le patron et fondateur d’une célèbre maison d’édition qui porte son nom. Il est aussi celui qui a popularisé le terme web 2.0, en organisant la première conférence sur le sujet, à San Francisco, en octobre 2004, et en posant les premières bases du concept, dans un texte qu’on peut retrouver sur son blog. Francis vous en a déjà parlé.

O’Reilly nous a reçus dans ses locaux de la Napa Valley, à Sebastopol. Loin de l’effervescence de la Silicon Valley. Un homme facile à aborder, à la pensée riche et originale. Il répond à contre-pied de ce que nous attendons de lui. Je vous livre ici ce qu’il nous a dit :

Le web 2.0 est un fait, une nouvelle ère. Il n’a donc pas de définition…

« Les définitions sont des constructions de langage pour expliquer des choses. Or, le web 2.0 n’est pas vraiment une chose. C’est plutôt la description d’un « tipping point » (notion popularisée par Malcolm Gladwell, voir ce billet), de ce moment où un phénomène un peu unique et isolé devient commun et se généralise. Une sorte de point de rupture et de passage à une nouvelle ère, avec de nouveaux acteurs et de nouvelles règles.

« Pour bien le comprendre, on peut faire une analogie avec le développement de l’ordinateur personnel dans les années 80. Les ordinateurs sont progressivement devenus de plus en plus personnels, et à un certain moment (difficile à dater avec précision), le centre de gravité est passé du mainframe au PC. Tout à coup, des acteurs comme IBM, au centre du développement des puissantes machines dont ils étaient les constructeurs, perdent la main au profit de nouveaux venus comme Microsoft, qui proposent les outils d’exploitation de cet objet personnel. D’une certaine façon, nous sommes alors passés de l’aire du PC 1.0, autour d’IBM, à l’heure du PC 2.0, beaucoup plus personnel, dans la foulée de Microsoft. Il ne s’agit pas d’une définition, mais d’un fait !

« Le web 2.0 est très similaire. Il y a aujourd’hui un « tipping point » dans le développement du web. Internet à 25 ans, le web déjà 15 ans. Au début, ils n’étaient qu’un « plus » parmi les applications et les services utilisés sur les PC. Il sont aujourd’hui passés au centre. L’introduction en bourse de Google en août 2004 a certainement été emblématique de ce tournant, mais en fait il faut analyser ce passage comme l’arrivée d’Internet au cœur des PC. Le pouvoir c’est déplacé à nouveau. »

Qu’en pensez-vous ? Un bon point de départ pour notre bouquin ?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...