En gros le terme est utilisé pour rendre compte de ce processus qui consiste à faire disparaître livres, journaux et CD analogues, tous transformés en fichiers électroniques aveuglement traités par des ordinateurs (dont nous avons, manifestement encore peur).
Il est généralement utilisé à la place de « digitalisation » (numérisation pour les chatouilleux) des contenus et le fait qu’ils sont accessibles sur le web.
Libraires, éditeurs, patrons de journaux et vendeurs de CD ont de bonnes raisons d’être inquiets. Ça n’est pas une raison pour les aider, en utilisant ce terme, à propager leurs craintes devant la nécessité de repenser leur modèle économique.
Il y a plus grave: ils empêchent – s’empêchent? – de voir plein de dimensions, d’actions, d’utilisations rendues possibles par la digitalisation et dont nous commençons à voir les effets.
A titre d’exemples:
- Données: c’est le pari fait par Google pour nous offrir tous ses services (un peut trop sans doute, mais quand même), depuis la recherche jusqu’à la localisation en passant par les livres électroniques;
- Liens: c’est la possibilité de représenter et d’activer sur le web ceux que nous avons avec famille, amis et connaissances qui fait tout l’intérêt de Facebook;
- Géolocalisation: elle donnera bientôt lieu à une publicité agressive ou utile omniprésente, mais devrait aussi, grâce aux programmes de réalité augmentée, nous permettre de mieux évaluer dans l’environnement dans lequel nous nous trouvons;
- Temps réel: la pression issue du succès de Twitter nous invite à tirer parti d’une information qui n’attend pas;
- Web squared : le fait, pour reprendre l’expression de John Batttelle et Tim O’Reilly que « le web est le monde » puisqu’on peut y trouver, à côté des fichiers de livres ou de musique, la « trace informatique » des objets du monde réel (qui en ont tous une aujourd’hui).
On peut construire, autour de ces quelques notions (et de quelques autres que vous avez sûrement en tête et que je vous invite à partager) de nouvelles façons de vivre, de créer et de faire des affaires.
Ai-je raison de protester contre l’utilisation du terme « dématérialisation »? Quelles autres dimensions nous empêche-t-il de voir?
[Photo Flickr de Thomas Hawk ]