A part la classe politique et les acteurs du cirque médiatique, les élections municipales intéressent peu. C’est un euphémisme. A preuve l’abstention considérable et les sourires dès qu’on évoque le sujet en ville ou dans la rue. Le fait, nous l’avons vu la semaine dernière, que les candidats n’abordent que très rarement les questions posées par l’adaptation de notre société aux temps qui changent est une partie du problème. Mais il faut aller plus loin car c’est bien au niveau des communautés de proximité que se joue une partie de notre futur.
Voyons d’abord les raisons du désintérêt :
- La crise du politique ne se voit nulle part aussi bien qu’au niveau local parce que le discours politique est particulièrement insupportable quand il monte de ton sans accrocher sur les réalités qui comptent.
- Ceux qui s’intéressent au scrutin le font pour des raisons qui tiennent plus aux affrontements nationaux lointains qu’aux difficultés à résoudre en chaque endroit.
- La multitude des problèmes concrets qui se posent tisse les enjeux de notre société. Or ces derniers ne dépendent que partiellement des partis politiques (qui évitent d’en débattre au fond).
- Les territoires dont nous étions amenés à élire les gestionnaires correspondent trop rarement aux réalités dans lesquelles nous vivons. Les problèmes changent de nature et d’échelle alors que le découpage territorial est figé dans le temps.
Le comble est que c’est bien au niveau de la proximité territoriale que nous avons une chance de régénérer le politique. La possibilité de participation horizontale est un des plus grands changements apportés par les technologies de l’information et de la communication (TIC).
Imaginez ce que donneraient les milliers de communes minuscules qui
Plus que de démocratie directe il faut peut être parler de « démocratie horizontale ». La notion a vu le jour en Argentine pour faire face à la crise économique de 2001. Elle a été reprise par les Indignados espagnols de 2011 puis par Occupy Wall Street et continue à s’insinuer dans des mouvements comme celui de Gezi Park en Turquie.
Ça sent l’anarchisme, bien sûr, mais tel n’est pas le vrai problème à l’heure où managers et militaires s’interrogent sur les vertus de la panarchie, l’hétérarchie et l’holacratie (entre autres).
La vraie difficulté est, qu’efficaces pour perturber, voir renverser des gouvernements autoritaires, de tels mouvements fonctionnent mal hors crise.
Est-ce une raison pour s’en tenir aux recettes d’antan ? Nous pourrions être tentés de répondre par l’affirmative si nos pratiques démocratiques actuelles donnaient pleine satisfaction. Mais, comme tel n’est pas le cas, nous gagnerions sans doute à y consacrer, avec courage, une bonne partie de notre imagination politique.
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Crédit photo : Clémentine Gallot/Flickr/CC