La notion de « Smart City » change. Elle passe de l’accent mis sur les technologies à un intérêt croissant pour les citoyens et leur participation. On le constate dans un nombre croissant de conversations et d’articles. L’évolution vient d’être validée par la Smart City Expo World Congress, la plus importante des conférences sur le sujet.

Pour la première fois depuis sa création, il y a six ans, la Smart Cities Expo World Congress (SCEWC), qui vient de se réunir à Barcelone du 15 au 17 novembre, a mis les citoyens en avant. Le thème était en effet « Cities for citizens », des villes pour les citoyens avec, en un peu moins visible, ce complément « Citizens changing cities », des citoyens qui changent les villes.

Co-présidente de l’exposition (elle est aussi membre du jury des Prix de l’innovation Le Monde-Smart Cities dont la deuxième itération sera lancée ce vendredi 25 novembre), Pilar Conesa explique clairement comment ce qu’on entend par « ville intelligente » s’est modifié au fil des ans.

« Le concept évolue » a-t-elle expliqué dans une petite conférence qui s’est tenue à Barcelone au lendemain de la grande SCEWC. « Il y a dix ans les municipalités étaient centrées sur l’amélioration de l’efficacité. Elles comptaient sur le e-gouvernement pour offrir des services 24/7 à moindre coût ».

De fait, précise Pilar Conesa « le concept a été très utilisé par les grandes entreprises de technologie ». Selon elle, la notion de ville intelligente apparaissait au moment de la conception et du lancement de la première expo de Barcelone comme « un parapluie permettant d’envisager une gestion plus globale de la ville incorporant, mobilité, durabilité, efficacité énergétique, etc. ».

Mais le rôle des villes a changé depuis. « De l’accent mis sur la concentration de population nous sommes passés à un intérêt accru pour l’interaction entre les gens, les entreprises et les municipalités. Nous avons fait plus attention à la notion de proximité. Nous avons appris à voir la ville comme le lieu où se posent les grands défis de notre siècle : la pollution, la démocratie, le développement durable, etc. Le rôle des maires est devenu plus important. Certains sont des grands leaders mondiaux comme celles de Paris ou de Barcelone ».

C’est d’autant plus notable que « de plus en plus importantes, les villes ne bénéficient pas encore de la reconnaissance voulue ». En effet, les grandes organisations internationales sont gérées par les États. La conférence Habitat III (voir cet article sur sa préparation et celui-ci sur les conclusions qu’on peut en tirer), par exemple, se réunit tous les 20 ans alors que la population urbaine doublera au cours des 50 prochaines années, a-t-elle rappelé.

« La SCEWC est une conférence dans laquelle tout le monde se retrouve », a ensuite expliqué Pilar Conesa. C’est pour cela qu’elle devait changer. Signe concret de leur importance accrue, la conférence qui comptait 16 stands de villes l’an dernier en comptait 50 cette année. « Nous sommes passés d’une conférence plus centrée sur les entreprises à une conférence plus centrée sur les villes » explique-t-elle.

Quant au terme de « Smart City », qui nous chagrine tous, elle a déclaré « je ne sais pas si dans six ans nous l’utiliserons encore. Je ne sais pas s’il est le meilleur. Mais je sais que c’est un terme commun qui nous a permis de parler et de faire parler de l’innovation urbaine, sociale, de la participation citoyenne, des communs, de tous ces problèmes fondamentaux de nos sociétés. Le débat sur cette question est essentiel et nous voulons qu’il ait lieu ici ».

 

Une version de ce billet a été publiée sur le site du Monde.fr le 23 Novembre 2016.

Photo Flickr (Manifestation des Indignados sur la Plaza Catalunya de Barcelone. Photo d’Oscar Arenas Larios prise le 19 juin 2011)

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...