« La globalisation peut être expliquée ou mieux comprise comme un réseau de réseaux » a déclaré Manuel Castells lors de l’Atelier sur la théorie des réseaux qui s’est tenue au Annenberg Center (Los Angeles) à la mi-septembre (voir ce billet, celui-ci et celui-là). La concevoir comme l’organisation efficace de réseaux connectés permet de comprendre des dimensions qui nous échappent si on s’en tient aux formes d’organisation verticales propres à l’ère industrielle.

Chaque dimension (sociétale, culture, politique, économique, technologique, etc.) est ainsi « en ensemble de réseaux qui se connectent et se déconnectent au même moment » a expliqué Castells dans une discrète référence aux philosophes Gilles Deleuze et Félix Guattari.

Il pense aussi que « chaque élément ne peut pas être compris isolément, mais dans ses relations avec l’environnement ». Cela se matérialise géographiquement « dans des nœuds qui sont des connecteurs de réseaux. Dans chaque pays il y a ainsi deux ou trois centres urbains qui ont cette fonction ».

La tentative de Castells pour expliquer la globalisation en termes de réseaux se heurte à un certain scepticisme de la part de ceux qui sont surtout intéressés par leur fonctionnement au niveau micro. On est en effet amené à se demander s’il est possible de gérer ces multiples niveaux d’analyse, ces multiples théories dans un ensemble qui n’essaierait pas de tout inclure.

Dans un courriel, Castells m’a répondu qu’il croyait « possible de construire une théorie des réseaux basée sur des théories de la communication, à condition d’intégrer la spécificité de la communication électronique. »

C’est essentiel à toute approche sérieuse de la globalisation comme à toute tentative de compréhension du rôle accru des réseaux comme forme efficace d’organisation sociale. Et cela nous ramène à la vraie nature complexe, changeante et conflictuelle de la société d’aujourd’hui.

Par exemple, les États s’adaptent ce qui crée de nouveaux problèmes selon Castells du fait que les « États en réseaux mettent la notion de représentation en crise car elle n’est pas la représentation des réseaux ». Dans le monde d’aujourd’hui les affrontements essentiels se déplacent. « Le pouvoir s’exerce au travers des réseaux et les conflits servent à les reconfigurer. »

Je me suis étendu sur cette conférence que j’ai trouvée passionnante. La raison de fond est que j’en suis sorti convaincu que, formés à l’école centenaire des institutions et des hiérarchies nous sommes un peu perdus devant cette nouvelle approche, devant l’efficacité récemment acquise par cette forme ancienne d’organisation. Je crois que nous avons à comprendre comment « ça » marche… et que nous pouvons y parvenir.

Qu’en dites-vous?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...