Dans un article publié cette semaine par L’Express Laurent Alexandre, médecin, énarque et entrepreneur, nous enjoint « d’arrêter » la transition énergétique. Rien de moins. Chiffres percutants à l’appui il nous affirme – sans vraiment le démontrer – que les énergies renouvelables .polluent plus que nous ne croyons. Et qu’elles ne sont pas suffisantes pour assurer la stabilité énergétique dont un pays a besoin.

Le premier point est des plus utiles… sauf que ses chiffres, insuffisamment sourcés, ne sont pas envisagés d’une façon critique.

Avec le second point il évoque la possibilité (coûteuse souligne-t-il) de stocker l’énergie mais n’ose pas dire clairement qu’il faut, dans la logique de son raisonnement, continuer à donner une place prépondérante à l’énergie nucléaire, sujet sensible auprès de l’opinion publique. Pas vraiment courageux.

Le plus grave est que Laurent Alexandre balance le bébé avec l’air sale : la transition énergétique (TE) avec la pollution, engendrée… par les énergies renouvelables.

La TE couvre un domaine bien plus vaste que la production d’énergie et même que le stockage. Elle concerne aussi, entre autres, la réduction de la consommation énergétique qui passe, entre autres, par un meilleur isolement des bâtiments. Et le plus gros effort, le plus urgent, consiste sans doute, en France, à décarboner la mobilité. Il s’agit donc d’un effort multisectoriel qui se joue à court, moyen et long terme.

Souligner les problèmes masqués des énergies renouvelables est utile. Merci Dr Alexandre.

Réduire à une seule dimension la transition énergétique, pour la rejeter, assure le buzz. Ça n’en est pas moins inacceptable car cela risque de nous éloigner des efforts auxquels nous devons tous participer dans plusieurs secteurs. C’est en partie à cela que je pensais hier en écrivant que « La complexité est aussi un problème politique ».

 

 

Une version de ce billet a été publiée sur le site du Monde.fr le 21 Septembre 2018.

 

Photo : Pixabay

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...