En décidant de laisser les quotidiens indexés sur Google News limiter le nombre de visites qu’on peut faire sur leurs sites, Google semble avoir fait un geste en leur direction. Il est peut-être moins important qu’on ne le dit mais cela ne change pas vraiment la nature du problème… qui n’est pas celui qu’on dit.

Essayons de démêler la pelote.

Le geste de Google ne s’applique qu’à l’accès par Google News qui représente 2% sur le site du Guardian (dont les chiffres sont représentatifs). Rien n’est annoncé pour le moteur de recherche lui-même qui représente 25% des visites. Il y a donc geste, mais il est limité.

Il faut en plus que les responsables des sites concernés fassent ce qu’il faut ce qui a l’avantage de les mettre devant leurs responsabilités. Ils peuvent mettre un terme à ce contre quoi ils gueulent mais qui leur convient puisque ça leur apporte du trafic.

La possibilité de détourner la mesure existe. Elle requiert tout simplement de changer son adresse IP. Faisable mais pas marrant.

Le problème de fond est que les journaux se refusent à réviser leur modèle économique et journalistique. Ils jouent tout sur le trafic. Pour cela ils sont capables de payer des mots clés qui leur coûtent cher mais la proportion des dépêches d’agence sur leur site (qu’on trouve partout ailleurs) est élevée. Le plus grave est qu’ils ne misent que sur la pub pour gagner de l’argent alors qu’on sait que la valeur de celle-ci sur le web se réduit. Plus encore qu’à la crise, ceci est attribuable au fait que le nombre de sites sur lequel on peut faire de la pub sur le net est beaucoup, beaucoup plus grand que dans la couche des atomes où les médias diffusaient d’une position privilégiée.

Au lieu d’attaquer Google dont la position hégémonique est un vrai problème mais l’attaquer sur le trafic qu’il apporte aux sites de quotidiens c’est refuser de s’attaquer aux transformations indispensables de ce qu’est le métier d’informer aujourd’hui et son modèle d’affaires.

Ceci est un très court résumé (très personnel) d’un débat organisé par Antoine Cormery à France24 et auquel j’ai participé en compagnie de Pierre Aski (Rue89.fr ), de Tristan Mendès-France (EgoBlog .net) et de Claude Soula (NouvelObs.com ).

Qu’en pensez-vous?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...