Coucou… Toujours vivant. J’ai un peu mauvaise conscience d’être resté silencieux cette semaine. Je participais à une conférence sur les réseaux transnationaux de tous ordres (personnes, produits, symboles) entre les États-Unis et l’Amérique Latine dans le cadre d’un projet de recherche que je dirige en relation avec une université mexicaine. Ce genre de chose ne laisse guère le temps de dormir et comme ce n’était que partiellement lié aux technologies de l’information je n’ai pas blogué.

Émergeant ce matin, j’ai réalisé qu’un des thèmes au moins méritait d’être abordé sur Transnets: l’utilisation des TIC (technologies de l’information et de la communication) par les organisations de la société civile transnationale (j’essaye de ne pas parler de société civile globale – ou même mondiale – pour des raisons dont nous pourrons reparler si ça vous intéresse).

Qui s’en sert stratégiquement?

Présenté par Katherine Reilly, ce travail est la prolongation d’un rapport qu’elle a écrit avec Mark Surman et qu’a publié le Social Sciences Research Council (SSRC), organisme indépendant basé à New York. Partant de la constatation qu’un nombre considérable d’ONGs même petites, même du sud, ont accès aux ordinateurs et à l’internet le texte, intitulé S’approprier l’internet pour le changement social, pose une question essentielle : qui s’en sert « stratégiquement » ?

« Les technologies de réseaux sont essentielles pour la société civile pour plusieurs raisons: diffuser des messages qui sans cela ne parviendraient pas aux médias, coordonner des activités aussi bien au niveau local que global, investiguer et suivre les actions des corporations et des gouvernements, » nous avait déclaré par courriel Mark Surman au moment de la publication de son rapport (novembre 2003).

Accès – Adoption – Appropriation

Les auteurs distinguent trois phases dans les relations que nous pouvons avoir avec les TIC qu’ils conçoivent comme des barreaux d’une échelle :

  • L’accès : on a ou on n’a pas un ordinateur (ou une connexion à l’internet) ;
  • L’adoption : écrire, par exemple, un rapport avec un logiciel de traitement de texte (ou de faire une recherche sur internet) ;
  • L’appropriation : elle implique, par exemple, de poster du matériel en langage local ou de concevoir des applications destinées à résoudre des besoins spécifiques.

    « En s’appropriant activement de la technologie, les organisations de la société civile peuvent s’assurer de la mise en œuvre de leurs revendications stratégiques concernant certaines applications et interprétations particulières, » nous estime Reilly. Il s’agit en fait, selon le rapport d’ « imposer, définir et défendre les paradigmes de communication qui favorisent le travail de la société civile ».

    Cette volonté d’appropriation des technologies que nous utilisons pour atteindre nos objectifs est peut-être un bon sujet de réflexion. Et elle s’accompagne d’un conseil qui vaut pour tous: « nous devrions nous rappeler que jamais nous « n’atteindrons le nirvana technologique. L’appropriation de la technologie est un processus et non pas un résultat ».

  • J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...