Article publié dans le supplément Science&Techno du Monde du 19 maiEntreprendre n’a pas toujours pour seul objectif de s’enrichir. Certains, parmi ceux qui s’y consacrent, sont d’abord intéressés par les gains économiques mais un nombre croissant veulent que leur entreprise, fût-elle à but lucratif, ait du sens. Elles peuvent être source d’innovations d’autant plus importantes qu’outre leur portée technologique, elles ont une portée sociale. C’est ce genre de société que cherche à aider le TandemFund.org de Kuala Lumpur en Malaisie. »Nous investissons dans des entreprises sociales qui ont une cause – la réduction de la pauvreté par exemple – mais qui ont aussi une façon de générer des revenus, » m’a expliqué Kal Joffres qui en est le directeur. « Leur mission doit être d’ordre social et leur modèle d’affaire relever du secteur privé, » précise-t-il. « Qu’elles fassent des bénéfices ou pas est une affaire de marché. »C’est une petite révolution pour la Malaisie où la philanthropie se limite souvent à donner de l’argent aux orphelinats et à s’y faire photographier une fois par an. Financé par la fondation d’une banque le Tandem Fund est plus ambitieux. Il investit dans les domaines de la santé, la nourriture, le logement et la distribution pour les secteurs les plus défavorisés. »Nous nous contentons d’un retour d’investissement inférieur au retour commercial, ce qui s’appelle du ‘capital patient’, » explique Joffres. Ainsi le fond s’appuie sur des modèles moins connus comme la « dette risque », des prêts pour les dépenses en capital des startups. Il pratique aussi le concept très islamique de « partage des bénéfices ».Parmi les entreprises aidées, SOLS 24/7 enseigne l’anglais aux jeunes asiatiques défavorisés en ne faisant payer que ceux qui viennent d’un pays riche comme le Japon. Une société qui recycle des ordinateurs avant de les données gratuitement à des organisations sociales et WeDesignChange.com dans laquelle les designers travaillent bénévolement pour aider les artisans ruraux à « augmenter la valeur de leurs produits sans augmenter les coûts de production ».Mais l’argent ne suffit pas et Tandem Fund a créé Tandemic.com qui opère comme consultante pour entreprises sociales. Un de ses modes d’actions favoris (adapté d’idées pratiquées ailleurs) consiste à organiser des réunions intenses en fin de semaine. Les Hack.Weekend.my se consacrent au développement de programmes, comme une application pour le partage de voiture (Carpooling) entre amis pour tous ceux qui hésitent à le faire avec des étrangers.Les MakeWeekends sont réservés à la première tentative de matérialisation d’idées plus ou moins élaborées, audacieuses, folles. « Le weekend permet aux gens de ne pas abandonner leur travail, » explique Joffres. « Les jeunes viennent pour prototyper rapidement une idée quelle qu’elle soit. Nous ne nous occupons pas du modèle d’affaire. Quand ils ont construit le prototype ils sont beaucoup plus enclins à aller de l’avant. »Avec l’aide du gouvernement, Tandemic collabore à Innobridge, un projet malais, pour familiariser les étudiants aux problèmes des entreprises. Ces dernières soumettent des cas sur une plateforme en ligne et les étudiants ont deux semaines pour répondre. Il y a des concours et des récompenses monétaires pour ceux qui trouvent des réponses utiles. Les universités d’où viennent les meilleures réponses reçoivent des points du ministère de l’éducation supérieure et la gagnante recevra un prix du premier ministre.C’est une façon d’établir des ponts avec le secteur privé, d’encourager l’entreprenariat. « C’est bon pour l’image des entreprises et ça leur permet de prendre contact avec leurs futurs employés, » explique Joffres. « C’est excellent pour les étudiants qui se rendent comptent qu’ils peuvent résoudre un problème du monde réel et gagner de l’argent. Ça leur donne une énorme confiance en eux. » 

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...