Avant de me lancer vers l’Asie puis les États-Unis, j’ai voulu tirer un bilan provisoire de mes voyages dont le premier billet est celui sur la notion d’écosystème publié début juillet. Le second, que voici, parle de startups globales d’entrée de jeu. Il sera suivi demain d’un billet sur l’importance du design et du design thinking et d’un autre sur entreprendre comme valeur de changement.La première question à laquelle doit répondre toute personne qui crée une startup est de savoir à quel marché elle s’attaque : local, régional ou global. Le plus simple est de penser local mais le plus prometteur est d’essayer d’être global d’entrée de jeu. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’y a rien d’impossible dans ce défi. Il s’agit d’abord d’un état d’esprit utile et même raisonnable qui peut, en outre, se transformer en motivation pour investisseurs à l’affut de jolis coups. Et puis, c’est plus fun.C’est le programme gouvernemental Startup Chile qui m’a aidé à comprendre qu’on peut aspirer à lancer une entreprise globale (ou, en tous cas, internationale). Lancé pour dynamiser l’innovation dans ce pays particulièrement isolé par sa géographie, cette initiative (@startupchile) donne 40.000 dollars à des startups du monde entier avec deux conditions seulement, que m’a expliquées Horacio Melo, directeur du programme : « que l’un des fondateurs viennent résider pendant 6 mois au Chili [toutes les activités sont en anglais] et que l’idée soit globale, c’est à dire qu’elle puisse croître facilement (scalable). »Parmi les centaines de startups invitées (320 de 35 pays au cours de la première année), un des exemples les plus illustratifs est Jogabo.com créée par Jeremy Melul et Mehdi Djabri. C’est en fait un réseau social qui permet d’organiser des matchs de foot entre copains où que l’on soit dans le monde. Il suffit de proposer un endroit et une heure pour permettre aux intéressés de s’inscrire. Ceux qui cherchent si quelque chose se trame dans leur coin n’ont qu’à activer la fonction « découvrir ». Ça marche à Paris, Madrid, São Paulo, New York et Hong Kong, entre autres.Sur un modèle comparable j’ai découvert Gidsy.com lancé par deux frères designers hollandais et un développeur autrichien installés à Berlin. Ils ont en plus un vrai modèle d’affaire intégré.Gidsy.com permet à chacun de trouver une activité amusante à faire dans sa ville ou dans une ville que l’on va visiter. Un cours de Yoga ou une promenade à pied dans les musées ou les sites touristiques les plus remarquables. « L’idée, » m’a expliqué Edial Dekker, l’un des co-fondateurs, « était de proposer des choses intéressantes à faire. Au lieu de sites touristiques impersonnels nous proposons des activités. »D’un côté les organisateurs offrent des cours de cuisine, des promenades en avion ou, dans le cas de Barcelone, par exemple, des dégustations de vin, un tour des bars de lesbiennes mais aussi les mosaïques de Gaudi le grand architecte local. Outre la capitale catalane, Gidsy est également présent à New York, Los Angeles, Gand et Istanbul, entre autres.Le modèle d’affaire est d’une impeccable simplicité : un organisateur propose une activité (à des groupes qui ne doivent pas dépasser 50 personnes). Les clients intéressés réservent et payent Gidsy. L’activité a lieu. L’organisateur est payé mais Gidsy garde 10%.C’est donc une idée très simple qui, une fois lancée peut s’étendre un peu partout dans le monde. Le site est en anglais, comme Jogabo et comme Craigslist.org le site de petites annonces lancé à San Francisco il y a 17 ans et présent aujourd’hui dans 700 villes dans 70 pays, mais qui n’est pas vraiment une entreprise à but lucratif.Ce qui est fascinant c’est qu’on trouve des entreprises qui peuvent presque instantanément devenir globales un peu partout dans le monde.Créée à Amman en Jordanie, Zaitouneh.com offre des recettes de cuisine dont l’essentiel est montré en moins de trois minutes. C’est excellent quand on veut se rappeler les principes de base avec liberté d’improviser. Ça peut être utile aux jeunes couples pressés ou aux célibataires. En arabe pendant le Ramadan qui vient de se terminer, les recettes seront bientôt accessibles en anglais aussi. »Les 20 chefs auxquels j’ai recours aujourd’hui sont essentiellement jordaniens, » m’a expliqué en octobre dernier au Caire la fondatrice, Fida Taher. « Mais le site n’est pas limité à un certain type de cuisine. Les gens cherchent des recettes qu’ils ne connaissent pas. »Elle est bien décidée à devenir globale aussi vite que possible. Le modèle une fois compris il suffit de mettre une voix off dans une autre langue et d’adapter les recettes aux différents lieux. « Les recettes de cuisine sont une vraie plateforme pour la publicité, » m’a expliqué Taher. Il suffit de conseiller d’utiliser telle marque de lait, par exemple, pour préparer tel dessert. Nous pouvons aussi syndiquer le contenu car le coût le plus important est dans la production de la vidéo. Doubler dans une autre langue est marginal. »